Un verdict qui soulève l’indignation. Mathias R., ex-avocat parisien de 43 ans, a été condamné en appel à Créteil à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, pour le viol présumé d’une jeune stagiaire en 2017. Une peine bien en deçà des sept années de prison requises par l’avocat général, identique à celle prononcée en première instance.
Une soirée alcoolisée qui tourne au drame
Selon le récit de la victime, Suzanne, 23 ans à l’époque et stagiaire indirectement sous les ordres de Mathias R., les faits se sont déroulés après une soirée arrosée entre collègues. Assoupie sur le canapé d’un juriste, la jeune femme aurait été réveillée par les assauts brutaux de l’avocat de 36 ans, lui-même sous l’emprise de l’alcool et de drogues.
Un viol « par surprise » selon l’accusation
Pour le ministère public, il ne fait aucun doute que Mathias R. a profité de la vulnérabilité de la stagiaire pour la violer « par surprise ». L’avocat général avait requis sept ans de prison, comme lors du premier procès où l’accusé avait été condamné à cette peine avant de faire appel.
Le ministère public a estimé que Mathias R. avait bien violé « par surprise » Suzanne, jeune femme « en situation de vulnérabilité ».
L’avocat général
Une peine réduite qui interpelle
Malgré ces réquisitions, la cour d’assises d’appel a finalement condamné Mathias R. à cinq ans de prison dont trois avec sursis. Une décision qui suscite l’incompréhension au vu de la gravité des faits reprochés et du lourd passif de l’accusé, déjà condamné par le passé.
Incarcéré après sa condamnation en première instance, Mathias R. avait été remis en liberté trois mois plus tard dans l’attente de son procès en appel. Un temps de latence qui aura finalement joué en sa faveur, les jurés ayant décidé d’une peine moins sévère malgré le réquisitoire accablant de l’avocat général.
Justice à deux vitesses ?
Au-delà de ce cas particulier, ce verdict interpelle sur le traitement judiciaire des affaires de viol et la prise en compte de la parole des victimes. Malgré un premier jugement exemplaire et les réquisitions du ministère public, l’ancien avocat parisien échappe finalement à une lourde peine de prison ferme.
Une issue qui ne manquera pas de relancer le débat sur la justice à deux vitesses et l’impunité dont semblent bénéficier certains accusés selon leur statut social. Reste à savoir si le parquet général, à son tour indigné par ce jugement en demi-teinte, décidera de se pourvoir en cassation.