Le nord-est du Nigeria est à nouveau le théâtre de violents affrontements entre l’armée et les jihadistes de Boko Haram. Selon des sources militaires, au moins neuf soldats nigérians ont perdu la vie lors de combats survenus mardi dernier. Cinq autres sont portés disparus suite à ces échanges de tirs avec les terroristes. Ces pertes s’ajoutent au lourd bilan humain du conflit qui ravage la région depuis plus d’une décennie.
Une embuscade meurtrière après des funérailles
Les soldats tombés faisaient route vers la ville de Baga mardi en fin de journée lorsqu’ils ont été pris pour cible par les combattants de Boko Haram. Ils revenaient du village de Tumbun Kanta, où ils avaient aidé les habitants à enterrer des dizaines de fermiers sauvagement assassinés quelques jours plus tôt par l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Ce groupe dissident de Boko Haram avait décimé ces agriculteurs pour les punir d’avoir pénétré sur son territoire sans autorisation.
Selon un responsable d’une milice locale engagée contre les jihadistes, Boko Haram avait autorisé lundi les villageois à se rendre sur les lieux du massacre pour inhumer les corps, craignant que leur décomposition n’incommode la population. Mais le groupe avait préparé une embuscade, anticipant une intervention de son rival l’ISWAP lors des obsèques. Les troupes nigérianes ont détecté la manœuvre et ouvert le feu, déclenchant la bataille.
Un bilan controversé pour le massacre des fermiers
Si les autorités locales ont avancé le chiffre de 40 agriculteurs tués par l’ISWAP à Tumbun Kanta et Kwatar Yobe dimanche dernier, d’autres sources évoquent un bilan bien plus lourd. Des miliciens anti-jihadistes, des habitants et même les services de renseignements dans un rapport confidentiel estiment que plus de 100 personnes auraient en réalité perdu la vie dans cette attaque d’une violence inouïe.
Luttes intestines et impact sur les civils
Boko Haram et l’ISWAP, sa faction dissidente, s’affrontent dans une guerre fratricide depuis leur scission en 2016 pour des divergences idéologiques et le contrôle du territoire. Leurs combats font de nombreuses victimes collatérales parmi les populations civiles, prises en étau entre les insurgés.
Les habitants de la région vivent dans la peur permanente des attaques et des représailles des groupes jihadistes rivaux. Beaucoup ont tout perdu et ont dû fuir, devenant des déplacés dans leur propre pays.
témoigne un travailleur humanitaire local.
Un conflit meurtrier et des déplacés par millions
Depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009, le conflit a fait plus de 40 000 morts et environ 2 millions de déplacés dans le nord-est du Nigeria. Malgré les offensives de l’armée nigériane et d’une coalition régionale, la violence persiste. Les populations civiles en paient le prix fort.
Le gouvernement nigérian peine à endiguer les attaques jihadistes et à protéger les civils pris entre les feux des groupes rivaux. L’aide humanitaire pour les déplacés demeure insuffisante face à l’ampleur des besoins. Beaucoup survivent dans des conditions précaires dans des camps surpeuplés.
Un avenir incertain pour la région
Malgré les pertes infligées aux insurgés par les forces nigérianes et leurs alliés, Boko Haram et l’ISWAP conservent une capacité de nuisance significative. Leurs attaques contre les militaires et les civils se poursuivent à un rythme soutenu, maintenant le nord-est dans un climat d’insécurité chronique.
Tant que les deux factions jihadistes rivaliseront pour l’hégémonie et le contrôle des ressources locales, et en l’absence d’une réponse étatique plus efficace, il est à craindre que les souffrances des populations perdurent. Le chemin vers une paix durable et une reconstruction de cette région meurtrie semble encore long et semé d’embûches. La communauté internationale et les acteurs humanitaires ont un rôle crucial à jouer pour épauler le Nigeria face à ce défi majeur.
