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Violents affrontements entre étudiants au Bangladesh après la révolution

Nouvelle flambée de violence sur un campus au Bangladesh : plus de 150 étudiants blessés dans des affrontements entre factions rivales, quelques mois seulement après la révolution qui a renversé l'ex-Première ministre. Un pays sous haute tension où les plaies peinent à cicatriser...

De violents affrontements ont éclaté mardi sur un campus universitaire au Bangladesh, faisant plus de 150 blessés parmi les étudiants. Ces heurts mettent en lumière les profondes dissensions qui persistent entre factions politiques rivales, quelques mois seulement après la « révolution » qui a conduit à la chute de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina en août dernier. Un pays sous haute tension où les plaies peinent à cicatriser.

Tensions sur le campus de l’Université de Khulna

Tout a commencé quand la section jeunesse du Parti nationaliste bangladais (BNP), principale formation d’opposition sous l’ancien régime, a cherché à recruter des étudiants sur le campus de l’Université de Khulna, dans le sud-ouest du pays. Une initiative qui a immédiatement provoqué la colère des membres de Students Against Discrimination, le fer de lance de la contestation estudiantine qui avait joué un rôle clé dans les manifestations anti-gouvernementales de l’été dernier.

Les deux groupes en sont rapidement venus aux mains, s’affrontant à coups de briques, de machettes et d’armes blanches. Selon un officier de police local, au moins 50 étudiants ont dû être hospitalisés, tandis qu’une centaine d’autres présentaient des blessures plus légères. Des scènes d’une rare violence, captées par des témoins et abondamment relayées sur les réseaux sociaux.

La situation est maintenant sous contrôle et le dispositif policier a été renforcé.

Kabir Hossain, officier de police de Khulna

Accusations mutuelles et colère estudiantine

Dans la foulée des heurts, les deux factions se sont rejeté la responsabilité des violences. Le responsable étudiant du BNP a pointé du doigt les militants du parti islamiste Jamaat, les accusant d’avoir « mis le feu aux poudres ». Une version contestée par les étudiants de Students Against Discrimination, pour qui le BNP a enfreint les règles de l’université en menant des activités politiques sur le campus.

L’incident a en tout cas provoqué un vif émoi dans le reste du pays. Dès mardi soir, une manifestation de soutien était organisée à l’université de Dacca pour condamner les agissements de la branche jeunesse du BNP. Signe que les plaies de la crise politique qui a secoué le Bangladesh l’an dernier sont encore loin d’être refermées.

Le spectre d’une nouvelle crise politique

Ces violences ravivent en effet le souvenir des manifestations qui ont embrasé le pays pendant plusieurs mois jusqu’à la chute de Sheikh Hasina en août, après 12 ans d’un règne sans partage. Un mouvement de contestation d’une ampleur inédite, porté par la jeunesse et qui avait été sévèrement réprimé par les forces de sécurité, faisant des centaines de morts.

Si le départ de « la Dame de fer » a suscité un immense espoir de changement, la transition s’avère délicate. Les étudiants qui ont mené la révolte peinent à transformer l’essai et à s’imposer comme une force politique alternative crédible. Pendant ce temps, le BNP, qui avait un temps soutenu le mouvement, rêve de revanche électorale et ne cache pas ses ambitions pour les législatives prévues cette année.

De quoi faire craindre un nouveau cycle de contestation et d’instabilité politique dans ce pays pauvre d’Asie du Sud, qui reste profondément polarisé. Les affrontements de mardi en sont le symptôme. Et nul ne peut exclure que la situation ne dégénère de nouveau si les vieux démons de la violence et des luttes de pouvoir refont surface sur fond de désillusion de la jeunesse.

Une chose est sûre : dix mois après la « révolution », la paix et la stabilité sont loin d’être acquises au Bangladesh. Les étudiants, par leur mobilisation, restent un acteur incontournable dont il faudra tenir compte. Mais sans consensus et dialogue entre toutes les parties, le chemin vers l’apaisement risque d’être encore long et périlleux. Un nouveau test pour ce pays habitué aux turbulences, mais qui aspire plus que tout à tourner la page des années noires.

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