La ville de Calais a été le théâtre d’une nuit agitée, rythmée par de violentes rixes entre une centaine de migrants soudanais et l’incendie suspect d’un hangar servant d’abri de fortune rue Clément Ader. Les sapeurs-pompiers et les forces de l’ordre ont été mobilisés en nombre pour faire face à cette situation explosive, nécessitant même l’intervention de la sous-préfète sur les lieux.
Une nuit de chaos et de tensions
Tout a commencé aux alentours de 3 heures du matin, lorsqu’une violente bagarre a éclaté au sein du hangar occupé par près de 300 migrants. Selon les premières constatations, ce serait une énième manifestation de la rivalité latente entre Soudanais originaires du Nord et du Sud du pays, dont les rapports sont notoirement conflictuels.
L’hypothèse privilégiée par les enquêteurs est celle d’un incendie d’origine criminelle, volontairement allumé par un ou plusieurs individus dans la foulée de ces affrontements. Les pompiers dépêchés sur place ont dû composer avec une situation très tendue. À leur arrivée, environ 150 réfugiés se trouvaient à l’extérieur, alors que les tensions restaient palpables.
Intervention des pompiers sous haute pression
Malgré ce contexte périlleux, les soldats du feu de Marck et Calais se sont résolument engagés pour reconnaître les lieux et venir à bout des flammes. « La priorité était de mettre tout le monde en sécurité », explique une source sur place. Car si la plupart des occupants avaient pu évacuer à temps, certains dormaient encore à l’intérieur, au péril de leur vie.
Parallèlement, les rixes se sont poursuivies à l’extérieur, se déplaçant vers la rue de Judée. Au moins 8 migrants ont été blessés, certains sévèrement à coups de bâton voire de couteau. L’un d’entre eux, poignardé au dos, a été évacué dans un état grave. Un autre, refusant d’être transporté, a dû être soigné sur place par le SAMU.
Un campement en proie à des tensions récurrentes
Pour Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité de Calais, cet épisode n’est que le point d’orgue d’une situation qui se dégrade depuis plusieurs jours déjà :
Il y a eu des tensions déjà plus tôt, ces derniers jours, dans cette zone. À ce que j’ai compris, c’est toujours la rivalité entre Soudanais du nord et du sud.
Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité de Calais
Déjà en proie à des conditions de vie précaires, les migrants calaisiens subissent en plus ces violences intercommunautaires à répétition, attisées par la promiscuité et l’incertitude de leur situation. Un cocktail explosif.
Les défis multiples des autorités locales
Au-delà de la gestion de cette crise immédiate, la mairie et la préfecture doivent composer avec un campement devenu ingérable, où s’entremêlent misère sociale et rivalités ethniques. Car le sinistre a également révélé la présence de centaines de rats, nécessitant l’intervention en urgence du service d’hygiène.
Reste à savoir désormais où seront relogés les centaines de migrants délogés par les flammes, et comment prévenir une résurgence des affrontements. Un casse-tête pour les autorités locales, déjà soumises à rude épreuve par la pression migratoire qui ne faiblit pas à Calais, malgré les efforts déployés. Cette nuit de chaos en est la cruelle illustration.