Dans le nord du Mozambique, une région riche en ressources naturelles mais déchirée par des violences, une nouvelle attaque jihadiste a secoué la ville côtière de Mocimboa da Praia. Ce raid, mené par des insurgés affiliés à l’organisation État islamique, a causé la mort d’au moins quatre personnes, dont deux civils décapités, selon des sources locales. Située à seulement 80 kilomètres des installations gazières de TotalEnergies, cette attaque ravive les inquiétudes sur la sécurité dans la province de Cabo Delgado. Que signifie cet événement pour une région déjà marquée par des années de conflit ?
Un Assaut Destructeur dans une Région Stratégique
L’attaque sur Mocimboa da Praia s’est déroulée tard dans la nuit de dimanche, surprenant les habitants et les forces de sécurité. Les assaillants, armés et déterminés, ont engagé des combats intenses contre les troupes mozambicaines et rwandaises stationnées dans la région. Selon un commerçant local, qui a fui la ville après l’assaut, les jihadistes ont ciblé à la fois des civils et des membres des forces de sécurité, semant la terreur dans cette localité stratégique.
Le bilan, bien que difficile à confirmer dans l’immédiat, fait état d’au moins quatre morts, dont deux civils décapités. Des témoignages rapportent des scènes d’une violence extrême, avec des images circulant sur les réseaux sociaux montrant les corps des victimes. Ces actes barbares rappellent la brutalité des groupes affiliés à l’État islamique dans cette région, où les décapitations sont devenues une signature macabre de leurs attaques.
« Les insurgés sont arrivés la nuit, ils ont attaqué sans distinction. J’ai vu des corps sans vie avant de fuir avec ma famille. »
Un commerçant local, témoin de l’attaque
Contexte d’une Région Sous Tension
La province de Cabo Delgado, située dans le nord du Mozambique, est depuis 2017 le théâtre d’une insurrection jihadiste qui a bouleversé la vie de millions d’habitants. Les groupes armés, revendiquant leur affiliation à l’État islamique, ont multiplié les attaques contre les villages, les infrastructures et les forces de sécurité. Mocimboa da Praia, en particulier, est un symbole de ce conflit : la ville a été sous le contrôle des insurgés pendant près d’un an avant d’être reprise en août 2021 par une coalition de forces mozambicaines et rwandaises.
Cette région est également cruciale pour l’économie mozambicaine en raison de ses vastes réserves de gaz naturel. Le projet de gaz naturel liquéfié mené par TotalEnergies, d’une valeur de 20 milliards de dollars, est implanté à Afungi, à environ 80 kilomètres de Mocimboa da Praia. Ce projet, l’un des plus ambitieux d’Afrique australe, a été interrompu en 2021 après une attaque meurtrière à Palma, qui avait causé la mort de plus de 800 personnes, dont des sous-traitants de l’entreprise française.
Le saviez-vous ? La province de Cabo Delgado abrite l’un des plus grands gisements de gaz naturel d’Afrique, attirant des géants comme TotalEnergies et ExxonMobil, mais aussi des violences liées à la compétition pour ces ressources.
Une Intervention Rwandaise Décisive
Depuis 2021, le Rwanda a déployé des troupes dans le nord du Mozambique pour soutenir l’armée mozambicaine face à la menace jihadiste. Cette intervention a permis de reprendre des zones clés, comme Mocimboa da Praia, mais les récentes attaques montrent que la situation reste instable. Lors de l’assaut de dimanche, les forces rwandaises ont affronté les insurgés, qui ont finalement pris la fuite après des échanges de tirs intenses.
Cette collaboration internationale illustre la complexité du conflit dans la région, où des acteurs étrangers jouent un rôle croissant. Cependant, malgré ces efforts, les jihadistes continuent de mener des raids sporadiques, exploitant les failles de sécurité et la porosité des zones rurales.
Conséquences Humanitaires et Économiques
Les violences dans le Cabo Delgado ont des répercussions dramatiques sur la population locale. Depuis le début de l’insurrection en 2017, plus de 6 000 personnes ont perdu la vie, et des centaines de milliers d’autres ont été déplacées. Fin juillet, une série d’attaques dans le sud de la province a forcé des milliers de familles à abandonner leurs foyers, aggravant une crise humanitaire déjà préoccupante.
Sur le plan économique, ces violences menacent directement les projets gaziers qui pourraient transformer l’économie mozambicaine. Le projet de TotalEnergies, dont la reprise est prévue d’ici la fin de l’été européen, est essentiel pour le pays. Cependant, chaque nouvelle attaque soulève des questions sur la capacité des autorités à sécuriser la région et à garantir la viabilité de ces investissements.
Impact | Chiffres Clés |
---|---|
Morts depuis 2017 | Plus de 6 000 |
Déplacés | Des centaines de milliers |
Valeur du projet gazier | 20 milliards de dollars |
Un Avenir Incertain pour le Cabo Delgado
Alors que les forces mozambicaines et rwandaises continuent de lutter contre les insurgés, la communauté internationale observe la situation avec inquiétude. Le ministère des Affaires étrangères britannique a récemment émis un avertissement, déconseillant tout voyage dans certaines parties des provinces de Cabo Delgado, Nampula et Niassa. Cet avis reflète la gravité de la situation et les défis auxquels est confronté le Mozambique pour stabiliser la région.
Dans le même temps, l’avenir des projets gaziers reste incertain. ExxonMobil, autre acteur majeur dans la région, devrait annoncer sa décision d’investissement pour un projet onshore en 2026. Ces projets, s’ils aboutissent, pourraient positionner le Mozambique comme un acteur clé sur le marché mondial du gaz. Mais pour cela, la sécurité devra être renforcée, et les violences jihadistes contenues.
« La paix est essentielle pour le développement économique. Sans sécurité, aucun projet ne peut prospérer. »
Un officier militaire local
Quelles Solutions pour l’Avenir ?
Pour enrayer la spirale de violence, plusieurs pistes sont envisagées. Parmi elles :
- Renforcement des forces de sécurité : Augmenter les capacités des armées mozambicaine et rwandaise pour sécuriser les zones sensibles.
- Aide humanitaire : Soutenir les populations déplacées pour éviter une crise encore plus grave.
- Coopération internationale : Mobiliser davantage de partenaires étrangers pour contrer la menace jihadiste.
Ces solutions, bien que prometteuses, nécessitent un engagement à long terme. Les habitants de Mocimboa da Praia, comme ceux de toute la province, aspirent à un retour à la paix et à la stabilité. Mais pour l’heure, chaque nouvelle attaque rappelle la fragilité de la situation.
En conclusion, l’attaque de Mocimboa da Praia met en lumière les défis complexes auxquels est confronté le Mozambique. Entre ambitions économiques et menace jihadiste, la région du Cabo Delgado reste à la croisée des chemins. La reprise des projets gaziers et la stabilisation de la province dépendront de la capacité des autorités à restaurer la sécurité, mais aussi à répondre aux besoins des populations locales. Une chose est sûre : la route vers la paix sera longue et semée d’embûches.