Une violente altercation a éclaté ce mardi dans un lycée de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, entre une élève et sa professeure d’EPS. Selon des sources proches de l’établissement, le conflit aurait débuté suite à un désaccord sur la tenue vestimentaire de la lycéenne.
Un incident qui dégénère
L’élève en question portait une abaya, un vêtement long interdit dans les lycées publics depuis septembre 2023 dans le cadre de l’application de la laïcité. Malgré les remarques de l’enseignante lui demandant de se changer, la jeune fille aurait refusé en argumentant que sa tenue était autorisée par le CPE.
Face à ce refus d’obtempérer, la situation a dégénéré. Selon les témoins, l’adolescente aurait alors proféré des insultes envers la professeure, lui aurait craché dessus avant de la gifler violemment au visage. Un geste d’une rare violence dans l’enceinte d’un établissement scolaire.
L’académie promet un suivi
Très choquée, la victime s’est immédiatement rendue au commissariat pour déposer plainte, accompagnée par des membres de l’équipe éducative. Elle bénéficie d’un arrêt de travail et d’un soutien psychologique. De son côté, le rectorat de Créteil a assuré que “la protection fonctionnelle” lui serait accordée.
Quant à l’élève mise en cause, elle a été exclue temporairement dans l’attente de la tenue d’un conseil de discipline. Le directeur académique adjoint suit l’affaire de près. Un incident isolé mais qui relance le débat sur le respect des règles de laïcité dans les lycées.
La laïcité en question
Si le port de signes religieux ostensibles est prohibé à l’école depuis 2004, l’interdiction des abayas et qamis date de la rentrée 2023. Une mesure controversée tant ces tenues sont répandues chez certaines adolescentes.
La laïcité n’est pas négociable mais elle ne doit pas être un prétexte à la stigmatisation.
Fatiha Keloua-Hachi, avocate spécialisée
Pour Fatiha Keloua-Hachi, avocate spécialisée dans le droit scolaire, “la laïcité n’est pas négociable mais elle ne doit pas être un prétexte à la stigmatisation”. Selon elle, le dialogue doit primer pour apaiser les tensions.
Des incidents encore trop fréquents
Malheureusement, les agressions contre les enseignants restent monnaie courante. En 2022, pas moins de 1079 incidents graves ont été recensés par le ministère de l’Éducation Nationale.
- 44% sont des violences verbales (menaces, intimidations, outrages…)
- 21% relèvent de “l’atteinte à la laïcité” (port de signes religieux, contestation de contenus enseignés…)
- 12% constituent des violences physiques
Au delà du choc pour la victime, de tels actes portent atteinte au bon fonctionnement des établissements et à l’autorité des professeurs. Face à ces défis, la communauté éducative appelle à renforcer les mesures de prévention et les sanctions.
Soutenir les enseignants
Lutter contre les violences scolaires nécessite une mobilisation de tous. Outre un cadre réglementaire strict, il est essentiel de former les équipes à la gestion des conflits et de développer la médiation avec les familles.
La professeure agressée à Montreuil peut compter sur le soutien de sa hiérarchie et de ses collègues dans cette épreuve. Une cellule d’écoute a été mise en place au sein du lycée pour l’accompagner, ainsi que les élèves choqués.
Cet incident, loin d’être isolé, en dit long sur le climat tendu régnant dans certains établissements. Entre incivilités récurrentes et remise en cause des règles, enseigner est devenu un défi quotidien. Un constat qui appelle une réponse ferme mais aussi beaucoup de pédagogie pour apaiser le climat scolaire.