Les quartiers de Cherbourg ont été secoués par une flambée de violences urbaines ces derniers jours. Au cœur des tensions, la mort tragique de Sulivan, un jeune homme de 19 ans originaire du quartier des Provinces, tué le 9 juin par le tir d’une policière lors d’un contrôle qui a mal tourné. Un drame qui a mis le feu aux poudres dans ce quartier sensible.
Voitures brûlées et agence d’intérim saccagée
Dans la nuit du 15 au 16 juin, la colère des habitants a éclaté au grand jour. Plusieurs dizaines de personnes se sont livrées à des actes de vandalisme et de destruction. Voitures et poubelles incendiées, vitres brisées… Le quartier des Provinces s’est transformé en véritable champ de bataille urbain.
Parmi les cibles des émeutiers, une agence France Travail (ex-Pôle Emploi) a été saccagée et incendiée. Un symbole fort dans ce quartier gangréné par le chômage et le désœuvrement des jeunes. Trois policiers ont été blessés au cours de ces violences et deux personnes interpellées.
Sulivan a été abattu comme un chien par les flics. Il courait juste pour échapper à un contrôle, il n’était pas armé. Depuis, c’est devenu un héros dans le quartier, sa photo est collée partout. Les gens ont la rage contre la police.
– Témoignage d’un jeune du quartier des Provinces
Un homme condamné à 18 mois ferme
Ce jeudi, l’une des deux personnes arrêtées lors de ces émeutes a été jugée en comparution immédiate. Cet homme de 38 ans, d’origine tchétchène et SDF, a écopé de 18 mois de prison ferme pour “destruction par moyen dangereux et violence aggravée”. Il a été maintenu en détention à l’issue de l’audience.
Une condamnation sévère qui vise à envoyer un message de fermeté face à ces débordements. Mais beaucoup craignent que cela ne suffise pas à apaiser la situation dans ce quartier miné par les difficultés sociales et économiques, où la méfiance envers la police est très forte.
Une enquête sous haute tension
Pendant ce temps, l’enquête sur la mort de Sulivan se poursuit dans un climat de vive tension. La policière qui a fait usage de son arme a été placée en garde à vue puis relâchée sous contrôle judiciaire. Elle affirme avoir agi en état de légitime défense, mais cette version est contestée par de nombreux habitants.
- La police est-elle intervenue de manière disproportionnée ?
- Y avait-il une menace réelle justifiant de tirer sur ce jeune en fuite ?
- Sulivan était-il impliqué dans le vol du véhicule ou un simple passager ?
Autant de questions auxquelles devra répondre l’enquête pour tenter d’établir la vérité et d’apaiser les esprits.
Un malaise profond
Au delà de ce drame, c’est toute la problématique des relations police-population dans les quartiers sensibles qui se trouve à nouveau posée. Contrôles au faciès, abus, racisme… les accusations de violences policières se multiplient et creusent le fossé de la défiance.
En face, les forces de l’ordre évoquent la pression extrême et les risques du terrain, dans ces zones de non-droit où se concentrent trafics et incivilités. Un dialogue de sourd qui n’a que trop duré et qui appelle des réponses politiques courageuses pour enrayer cette spirale destructrice.
Il faut restaurer la confiance et le respect mutuel entre la police et la population. Cela passe par une meilleure formation des agents, plus de proximité et de dialogue, mais aussi par une lutte accrue contre toutes les formes de délinquance qui pourrissent la vie de ces quartiers.
– Réaction d’un élu local
L’épisode tragique de Cherbourg nous rappelle douloureusement que les violences urbaines sont souvent le symptôme d’un malaise social profond qui ronge les banlieues françaises depuis des décennies. Tant que des réponses fortes et durables ne seront pas apportées, il est à craindre que ce genre de drames ne se reproduise inexorablement.