Un bilan alarmant vient d’être annoncé par les autorités du Khyber-Pakhtunkhwa, une province du nord-ouest du Pakistan frontalière avec l’Afghanistan. En seulement 12 jours, depuis le 21 novembre, les violences entre les communautés sunnite et chiite ont coûté la vie à 133 personnes et fait 177 blessés. Un nouveau conseil tribal a été convoqué dans l’espoir de mettre fin à ce cycle de représailles qui perdure depuis des décennies.
Une vendetta sans fin pour des questions foncières
Ces affrontements meurtriers ne sont malheureusement pas nouveaux dans le district de Kourram, où cohabitent sunnites et chiites. Entre juillet et octobre, cette région avait déjà été le théâtre de plusieurs épisodes de violences ayant fait 79 morts selon la Commission des droits de l’Homme du Pakistan (HRCP). À chaque fois, le cessez-le-feu négocié par les conseils tribaux, les fameux jirgas, a été rompu, relançant ainsi une vendetta qui court principalement pour des litiges fonciers.
Des armes lourdes et des routes coupées
Les affrontements, d’une violence extrême, sont menés à l’arme légère et lourde, avec parfois même l’utilisation d’obus de mortier. Pour tenter d’enrayer cette spirale, les autorités ont décidé de convoquer une nouvelle « grande jirga ». En parallèle, elles menacent de juger les responsables des attaques en vertu des lois anti-terroristes et de saisir les armes lourdes des deux camps.
En attendant une possible accalmie, la population de Parachinar, bastion chiite dans le district de Kourram, souffre de pénuries. Anfal Hussain, un pharmacien de 36 ans joint par téléphone, se plaint de gros problèmes d’approvisionnement en nourriture et en médicaments. Avec des tirs toujours rapportés dans certains villages et les routes coupées pour prévenir de nouvelles attaques sur des convois, certaines pathologies ne peuvent plus être traitées dans les hôpitaux locaux.
L’État central appelé en renfort
Pour tenter de sécuriser les routes, le gouvernement provincial a annoncé l’installation prochaine de 65 barrages de sécurité supplémentaires. Il promet également une aide financière aux familles des victimes et aux centaines de familles déplacées pour faciliter leur retour. Mais se sentant dépassé par l’ampleur de la tâche, il a aussi réclamé des renforts au gouvernement fédéral d’Islamabad.
Car c’est un mal récurrent au Pakistan : l’administration locale se dit régulièrement incapable de faire face aux violences, faute de personnel policier ou administratif suffisant. Quant aux gouvernements fédéraux et provinciaux, ils peinent à faire respecter la loi face aux codes d’honneur tribaux, profondément ancrés dans ces régions reculées. Malgré les efforts et les bonnes volontés affichées de part et d’autre, le chemin vers une paix durable s’annonce encore long et semé d’embûches.