Un séisme secoue le Planning Familial. L’association féministe emblématique, fer de lance de la contraception et de l’avortement en France, est ébranlée par les révélations d’une octogénaire qui accuse l’un des cofondateurs du mouvement, le docteur Henri Fabre décédé en 2012, de l’avoir agressée sexuellement lors d’une consultation en 1961. Face à ce témoignage glaçant, le Planning Familial sort de son silence et lance un appel à témoins pour libérer la parole des victimes.
“C’est mon histoire et c’est aussi l’histoire du Planning”
Ce sont les mots lourds de sens choisis par cette femme aujourd’hui âgée de 84 ans pour briser un tabou vieux de plus de 60 ans. En 1961, à l’âge de 21 ans, elle se rend au premier centre de planification familiale ouvert à Grenoble par le docteur Henri Fabre pour obtenir des informations sur la contraception, à une époque où les femmes n’avaient pas le droit de disposer librement de leur corps.
Alors qu’elle est allongée sur la table d’examen, déshabillée et en position de vulnérabilité, l’impensable se produit selon son récit glaçant. Henri Fabre, âgé de 41 ans, se serait approché d’elle, pantalon baissé, et aurait touché son sexe avec le sien. “Je me suis reculée. J’étais sidérée”, confie-t-elle dans son témoignage au Planning. Un viol de confiance et d’intimité d’une violence inouïe.
Le Planning Familial face à ses démons
Ces accusations font l’effet d’une bombe au sein du Planning Familial. L’association, qui lutte depuis des décennies contre les violences faites aux femmes, se retrouve confrontée à son propre passé. “Qu’un médecin, en situation de pouvoir, ait commis de tels actes est insupportable. Qu’il ait utilisé le Planning Familial pour le faire est intolérable”, s’indigne le mouvement dans un communiqué.
Loin de minimiser ces révélations dérangeantes, le Planning Familial a décidé de crever l’abcès en lançant un dispositif de recueil de témoignages, par mail ou par téléphone, pour permettre à d’autres victimes potentielles d’Henri Fabre de sortir du silence, de manière anonyme. Un travail de recherche va également être mené pour déterminer s’il existe d’autres témoignages visant des médecins fondateurs du Planning entre 1961 et 1975.
Le mouvement féministe ébranlé
Cette affaire ébranle en profondeur le mouvement féministe. Comment un homme engagé dans la défense des droits des femmes a-t-il pu abuser de sa position pour commettre l’innommable ? C’est tout un pan de l’histoire du Planning Familial qui vacille, alors que l’association s’apprête à fêter ses 70 ans d’existence.
La violence ne s’arrête pas aux portes des structures de soin, bien au contraire. Nous recevons régulièrement des femmes victimes de violences médicales, gynécologiques ou obstétricales.
Le Planning Familial
Ces révélations mettent en lumière les rapports de domination qui peuvent s’exercer au sein même du corps médical, dans des lieux supposés protéger et soigner les femmes. “Le statut de médecin, de soignant ou même d’aidant, crée les conditions d’une asymétrie et donc favorise l’existence de violences en instaurant un système de silence et d’impunité”, analyse le Planning Familial, bien décidé à faire la lumière sur son passé.
Soigner pour mieux dominer ?
Ce scandale interroge plus largement la place du corps des femmes dans le système de santé. Trop souvent chosifié, médicalisé à outrance, le corps féminin reste un territoire de conquête pour certains praticiens sans scrupules. Combien de patientes ont subi des remarques déplacées, des gestes déplacés, voire des agressions caractérisées lors d’examens gynécologiques ?
Un rapport accablant du Haut Conseil à l’Égalité révélait en 2021 l’ampleur des violences gynécologiques et obstétricales en France, subies par près d’une femme sur deux. Du “point du mari” après une épisiotomie aux examens brutaux, en passant par les réflexions humiliantes sur le poids ou la pilosité, la liste des sévices est longue et cruelle.
Briser l’omerta
Face à ce fléau trop longtemps tu, des initiatives émergent pour libérer la parole des victimes. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #PlusJamaisSansMonAccord ou #BalanceTonGyneco permettent de partager des témoignages poignants et de pointer du doigt les comportements abusifs de certains soignants.
Des collectifs comme Stop VOG (Violences Obstétricales et Gynécologiques) se mobilisent pour accompagner les victimes et faire évoluer les pratiques. En 2021, la professeure Chrysoula Zacharopoulou a également remis un rapport au gouvernement avec des pistes pour mieux former les professionnels de santé et sanctionner les dérives.
Un électrochoc nécessaire
L’affaire Henri Fabre a valeur d’électrochoc pour le Planning Familial et, au-delà, pour l’ensemble du système de santé. Elle rappelle l’importance de toujours placer le consentement et le respect au cœur de la relation de soin. Aucun statut, aucune réputation ne peut justifier l’abus et la violence.
Pour le Planning, c’est aussi l’occasion d’un examen de conscience douloureux mais salutaire. Avoir eu en son sein un prédateur présumé oblige l’association à repenser sa façon de recueillir la parole des victimes et d’y répondre concrètement. Un travail d’introspection indispensable pour continuer à porter haut et fort la lutte féministe.
Ces violences sont politiques. Elles concernent l’ensemble de la société.
Le Planning Familial
Au-delà du cas d’Henri Fabre, cette affaire en dit long sur les rapports de pouvoir qui innervent encore notre société. Le combat féministe est loin d’être terminé. Chaque témoignage doit être entendu, chaque agression condamnée, pour construire une société où les femmes pourront enfin disposer de leur corps en toute liberté et sécurité. Un défi immense et urgent, auquel le Planning Familial entend bien prendre sa part, en revisitant son histoire et en traçant de nouveaux chemins d’émancipation.
Ces accusations font l’effet d’une bombe au sein du Planning Familial. L’association, qui lutte depuis des décennies contre les violences faites aux femmes, se retrouve confrontée à son propre passé. “Qu’un médecin, en situation de pouvoir, ait commis de tels actes est insupportable. Qu’il ait utilisé le Planning Familial pour le faire est intolérable”, s’indigne le mouvement dans un communiqué.
Loin de minimiser ces révélations dérangeantes, le Planning Familial a décidé de crever l’abcès en lançant un dispositif de recueil de témoignages, par mail ou par téléphone, pour permettre à d’autres victimes potentielles d’Henri Fabre de sortir du silence, de manière anonyme. Un travail de recherche va également être mené pour déterminer s’il existe d’autres témoignages visant des médecins fondateurs du Planning entre 1961 et 1975.
Le mouvement féministe ébranlé
Cette affaire ébranle en profondeur le mouvement féministe. Comment un homme engagé dans la défense des droits des femmes a-t-il pu abuser de sa position pour commettre l’innommable ? C’est tout un pan de l’histoire du Planning Familial qui vacille, alors que l’association s’apprête à fêter ses 70 ans d’existence.
La violence ne s’arrête pas aux portes des structures de soin, bien au contraire. Nous recevons régulièrement des femmes victimes de violences médicales, gynécologiques ou obstétricales.
Le Planning Familial
Ces révélations mettent en lumière les rapports de domination qui peuvent s’exercer au sein même du corps médical, dans des lieux supposés protéger et soigner les femmes. “Le statut de médecin, de soignant ou même d’aidant, crée les conditions d’une asymétrie et donc favorise l’existence de violences en instaurant un système de silence et d’impunité”, analyse le Planning Familial, bien décidé à faire la lumière sur son passé.
Soigner pour mieux dominer ?
Ce scandale interroge plus largement la place du corps des femmes dans le système de santé. Trop souvent chosifié, médicalisé à outrance, le corps féminin reste un territoire de conquête pour certains praticiens sans scrupules. Combien de patientes ont subi des remarques déplacées, des gestes déplacés, voire des agressions caractérisées lors d’examens gynécologiques ?
Un rapport accablant du Haut Conseil à l’Égalité révélait en 2021 l’ampleur des violences gynécologiques et obstétricales en France, subies par près d’une femme sur deux. Du “point du mari” après une épisiotomie aux examens brutaux, en passant par les réflexions humiliantes sur le poids ou la pilosité, la liste des sévices est longue et cruelle.
Briser l’omerta
Face à ce fléau trop longtemps tu, des initiatives émergent pour libérer la parole des victimes. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #PlusJamaisSansMonAccord ou #BalanceTonGyneco permettent de partager des témoignages poignants et de pointer du doigt les comportements abusifs de certains soignants.
Des collectifs comme Stop VOG (Violences Obstétricales et Gynécologiques) se mobilisent pour accompagner les victimes et faire évoluer les pratiques. En 2021, la professeure Chrysoula Zacharopoulou a également remis un rapport au gouvernement avec des pistes pour mieux former les professionnels de santé et sanctionner les dérives.
Un électrochoc nécessaire
L’affaire Henri Fabre a valeur d’électrochoc pour le Planning Familial et, au-delà, pour l’ensemble du système de santé. Elle rappelle l’importance de toujours placer le consentement et le respect au cœur de la relation de soin. Aucun statut, aucune réputation ne peut justifier l’abus et la violence.
Pour le Planning, c’est aussi l’occasion d’un examen de conscience douloureux mais salutaire. Avoir eu en son sein un prédateur présumé oblige l’association à repenser sa façon de recueillir la parole des victimes et d’y répondre concrètement. Un travail d’introspection indispensable pour continuer à porter haut et fort la lutte féministe.
Ces violences sont politiques. Elles concernent l’ensemble de la société.
Le Planning Familial
Au-delà du cas d’Henri Fabre, cette affaire en dit long sur les rapports de pouvoir qui innervent encore notre société. Le combat féministe est loin d’être terminé. Chaque témoignage doit être entendu, chaque agression condamnée, pour construire une société où les femmes pourront enfin disposer de leur corps en toute liberté et sécurité. Un défi immense et urgent, auquel le Planning Familial entend bien prendre sa part, en revisitant son histoire et en traçant de nouveaux chemins d’émancipation.