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Violences sexuelles dans l’armée : un fléau sous-estimé

Viol tous les 15 jours, 1/3 des femmes militaires victimes... Les révélations chocs d'un député sur les violences sexuelles dans l'armée française soulèvent l'urgence d'agir. Malgré une volonté affichée de tolérance zéro, l'ampleur du fléau reste sous-estimée et les moyens manquent. Plongée dans un tabou qui gangrène l'institution.

Un viol est commis tous les 15 jours au sein de l’armée française. Cette statistique glaçante, révélée par le député Bastien Lachaud lors d’une audition à l’Assemblée nationale, met en lumière l’ampleur des violences sexuelles et sexistes (VSS) qui gangrènent l’institution militaire. Malgré une volonté affichée de tolérance zéro par le gouvernement, le fléau reste largement sous-estimé et les moyens pour le combattre demeurent insuffisants.

Un constat alarmant révélé par des chiffres officiels

Les données avancées par l’élu de La France Insoumise proviennent de sources fiables, en particulier de la cellule Thémis, créée en 2014 par le ministère des Armées pour recueillir les signalements de violences sexuelles. En 2023, pas moins de 220 cas ont été rapportés, dont 28 viols et 73 agressions sexuelles. Rapporté à l’échelle d’une année, cela équivaut à un viol tous les 13 jours en moyenne.

1 viol tous les 15 jours, 1 agression sexuelle tous les 5 jours dans l’armée. 1/3 des femmes militaires victimes de VSS.

Bastien Lachaud, député LFI

Autre chiffre choc : un tiers des femmes militaires auraient été victimes de violences sexuelles et sexistes dans l’exercice de leurs fonctions, selon un rapport d’enquête rendu public en juin dernier. Ces données sont issues d’une étude menée sur la période 2014-2015, révélant l’ancrage profond du problème.

Une réalité encore plus sombre

Si les chiffres de la cellule Thémis sont édifiants, ils ne reflètent cependant qu’une partie de la réalité. En effet, les cas rapportés ne représentent que ceux ayant fait l’objet d’un signalement, sans nécessairement donner lieu à des poursuites ou des condamnations. Comme le souligne le député Lachaud, « il faut aussi prendre en compte qu’une grande partie des viols ne sont pas dénoncés ».

En extrapolant les données de l’enquête COSEMIL à l’ensemble de la population militaire, le rapport estime que 830 hommes et 520 femmes pourraient avoir été victimes de viol en une année. Un chiffre vertigineux qui porterait le nombre de cas à plus de 3 par jour si tous étaient signalés.

Un combat de longue haleine pour briser l’omerta

Face à ce fléau, le gouvernement affirme sa volonté d’une tolérance zéro. Mais entre les déclarations d’intention et la réalité du terrain, le chemin est encore long. Pour le député LFI, la cellule Thémis manque cruellement de moyens pour mener à bien sa mission. Au-delà du recueil des signalements, un véritable travail de prévention et de prise en charge des victimes doit être mené.

Car derrière les chiffres se cachent des parcours brisés, des traumatismes profonds et un sentiment d’impunité qui perdure. Briser le silence qui entoure ces violences est un premier pas essentiel. Mais il faudra une action résolue et des moyens à la hauteur pour venir à bout de ce mal qui ronge l’institution militaire de l’intérieur. La lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans l’armée s’annonce comme un combat de longue haleine, qui nécessitera une mobilisation de tous les instants.

Des pistes pour renforcer la lutte contre les VSS

Plusieurs leviers d’action sont envisageables pour intensifier la lutte contre ce fléau :

  • Renforcer les moyens humains et financiers de la cellule Thémis pour lui permettre de traiter efficacement tous les signalements
  • Former l’ensemble du personnel militaire à la prévention et la détection des violences sexuelles
  • Encourager la libération de la parole des victimes en garantissant leur protection et la confidentialité des témoignages
  • Durcir les sanctions à l’encontre des agresseurs et assurer des poursuites systématiques
  • Féminiser davantage les effectifs et promouvoir l’égalité femmes-hommes à tous les échelons

C’est au prix d’un engagement total et d’une remise en question profonde que l’armée française parviendra à éradiquer ce mal qui la gangrène. Un défi immense et urgent pour restaurer la confiance et préserver l’honneur de l’institution militaire. La survie de ses valeurs et sa crédibilité sont en jeu.

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