Depuis les élections générales controversées du mois d’octobre dernier, le Mozambique traverse une période tumultueuse marquée par une escalade de violences post-électorales. Cette situation alarmante a contraint des milliers d’habitants à chercher refuge dans les pays voisins, fuyant l’insécurité grandissante. Face à cette crise humanitaire, l’ONU a exprimé sa profonde inquiétude et appelé à une aide immédiate pour faire face à l’aggravation de la situation.
Un pays plongé dans le chaos post-électoral
Les élections générales du 9 octobre au Mozambique, remportées par le parti au pouvoir, le Frelimo, ont été vivement contestées par l’opposition qui dénonce des fraudes massives. Depuis l’annonce des résultats, le pays lusophone est secoué par une vague de manifestations, de grèves et de blocages qui ont déjà fait plus de 260 morts selon une ONG locale.
Malgré la confirmation par la plus haute cour du pays de la victoire du Frelimo, l’opposition refuse de reconnaître les résultats, qualifiant l’élection de « volée ». Cette contestation a entraîné une montée des tensions et une recrudescence des violences dans tout le pays, plongeant le Mozambique dans une crise politique et sécuritaire majeure.
Des milliers de réfugiés fuient vers les pays voisins
Face à l’insécurité grandissante, des milliers de Mozambicains ont été contraints de fuir leur foyer pour trouver refuge dans les pays limitrophes. Selon des sources gouvernementales, environ 13 000 personnes ont ainsi traversé la frontière vers le Malawi, principalement via sa partie méridionale. Cet exode massif a débuté dès le lendemain de la confirmation des résultats électoraux par la Cour suprême.
Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué que ses équipes et les autorités malawiennes ont identifié près de 2 000 personnes ayant rejoint le pays au cours de la semaine dernière. En parallèle, environ un millier d’autres réfugiés sont entrés en Eswatini. Parmi ces nouveaux arrivants figurent non seulement des Mozambicains mais aussi des réfugiés et demandeurs d’asile d’autres nationalités qui résidaient jusqu’alors au Mozambique.
Nous sommes profondément inquiets par la situation actuelle au Mozambique, où l’escalade de la violence a forcé des milliers de personnes à fuir.
Chansa Kapaya, directrice du HCR pour l’Afrique australe
Une crise humanitaire qui s’aggrave
L’afflux soudain et massif de réfugiés met à rude épreuve les ressources déjà limitées du Malawi et de l’Eswatini, deux des pays les plus pauvres du monde. Selon le HCR, la situation humanitaire dans ces États d’accueil devient critique, avec des abris surpeuplés et des infrastructures de santé insuffisantes pour répondre aux besoins.
De nombreux réfugiés ont rapporté avoir fui les attaques et les pillages dans leurs villages, parcourant de longues distances à pied ou à bord de frêles embarcations pour traverser le fleuve Shire qui marque la frontière entre le Mozambique et le Malawi. Privés de tout, ils dépendent aujourd’hui entièrement de l’aide humanitaire pour survivre.
Les réfugiés et les civils sont confrontés à des risques immenses, ils n’ont plus de moyens de subsistance et dépendent de l’aide humanitaire. Si nous nous félicitons de la générosité du Malawi et de l’Eswatini, une aide immédiate est cruciale pour faire face à l’aggravation de la crise et prévenir de nouvelles souffrances.
Chansa Kapaya, directrice du HCR pour l’Afrique australe
Face à cette situation dramatique, l’ONU a lancé un appel à la communauté internationale pour mobiliser d’urgence des fonds afin de fournir une assistance vitale aux réfugiés et renforcer les capacités d’accueil des pays voisins du Mozambique. Sans un soutien rapide et conséquent, cette crise humanitaire risque de prendre une ampleur catastrophique dans une région déjà fragilisée par la pauvreté et les conflits.
Dans le même temps, la communauté internationale exhorte les acteurs politiques mozambicains à faire preuve de retenue, à rejeter la violence et à s’engager dans un dialogue inclusif pour sortir de l’impasse post-électorale. Seule une solution politique négociée permettra de ramener la stabilité et la paix dans ce pays meurtri, et de mettre fin à l’exode de sa population.