Les violences contre les forces de l’ordre sont malheureusement devenues monnaie courante dans certains quartiers sensibles. Samedi dernier, c’est dans la tristement célèbre cité des 4000, à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, que les tensions ont une nouvelle fois dégénéré.
Alors qu’ils procédaient à l’interpellation d’un individu, des policiers de la Brigade Territoriale de Contact (BTC) ont été pris à partie par une vingtaine de personnes déterminées à leur faire lâcher prise. Face à la virulence de l’assaut, les fonctionnaires n’ont eu d’autre choix que de battre en retraite, non sans dommages.
Trois policiers blessés dont un sérieusement
Le bilan de ces affrontements est lourd : trois policiers ont été blessés dont l’un grièvement. Touchés par des projectiles, roués de coups, les agents ont subi un véritable déferlement de violence de la part des assaillants.
Cet événement vient tristement s’ajouter à une longue liste d’agressions similaires ces derniers mois. Il illustre une nouvelle fois les conditions extrêmes dans lesquelles les forces de l’ordre doivent intervenir au quotidien dans certaines zones de non-droit.
La cité des 4000, un quartier sous haute tension
Construite dans les années 60, la cité des 4000 cristallise à elle seule beaucoup des maux qui gangrènent les banlieues : chômage de masse, échec scolaire, trafics en tous genres, affrontements récurrents avec la police…
Malgré de nombreux plans de rénovation urbaine et des moyens conséquents déployés pour endiguer le phénomène, force est de constater que la situation semble s’enliser. Les Relations police-population y restent électriques et le quartier conserve sa réputation de zone de non-droit.
“Les 4000, c’est Bagdad!” Voilà comment un policier décrivait la cité au journal Le Parisien il y a quelques années. “Allez-y à 200 et revenez à 12…si vous revenez”.
Un gardien de la paix en poste dans le 93
Haro sur les “cow-boys” de la police ?
Les unités dédiées comme la BTC, qui pratiquent une police de proximité avec un contact direct sur le terrain, cristallisent bien souvent l’hostilité des jeunes. Assimilés à des “cow-boys” voire à des “fachos” par une partie de la population, les fonctionnaires peinent à faire leur travail sereinement.
A chacune de leurs interventions, ou presque, c’est un rapport de force tendu qui s’instaure avec leur public. Insultes, caillassages, guet-apens…les policiers savent qu’ils marchent sur des œufs et que la situation peut basculer à tout moment.
A force de travailler dans ce climat hostile, certains agents finissent même par développer des syndromes de stress post-traumatique. Un phénomène tabou mais bien réel au sein de l’institution comme l’expliquait un officier au micro de France Inter :
“Je ne dirais pas qu’un policier sur deux est atteint de SSPT mais un nombre croissant de collègues développent ce type de troubles. Certains sont en arrêt depuis plusieurs mois, d’autres font le choix de se réorienter. C’est une réalité qu’il ne faut plus nier.”
Stéphane M., officier de Police dans le Val-d’Oise
Maintenir l’ordre à tout prix ?
Face à cette situation, les syndicats de police tirent la sonnette d’alarme et exigent des mesures fortes pour endiguer cette “haine anti-flic” :
- un durcissement des sanctions judiciaires envers les agresseurs de policiers
- un soutien politique et hiérarchique sans faille
- des effectifs et des moyens renforcés sur le terrain
- une formation adaptée aux spécificités de la police urbaine
Des doléances pour l’instant peu suivies d’effets tant le sujet reste politiquement sensible. La crainte des autorités ? Qu’un incident tourne au drame et embrase les banlieues comme en 2005…
En attendant, les policiers de La Courneuve comme ceux d’autres quartiers difficiles, continueront tant bien que mal à arpenter le bitume. Pour y maintenir un ordre républicain de plus en plus précaire. Quitte à y laisser parfois leur intégrité physique et mentale.