Le Pakistan est une nouvelle fois endeuillé par les violences intercommunautaires dans sa région du nord-ouest frontalière avec l’Afghanistan. Selon un dernier bilan, les attaques meurtrières menées jeudi contre des convois de police escortant des familles chiites dans le district de Kourram ont fait 43 morts dont 7 femmes et 3 enfants. Un lourd tribut pour ces populations prises entre les tensions ancestrales opposant chiites et sunnites.
Une région à feu et à sang
Situé dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa, le district de Kourram est régulièrement le théâtre d’affrontements sanglants entre tribus rivales chiites et sunnites. Malgré les tentatives répétées des autorités pour imposer des trêves, la loi du talion et le code d’honneur tribal l’emportent souvent sur l’état de droit dans cette zone montagneuse difficile d’accès.
Ainsi, jeudi dernier, deux convois transportant des familles chiites sous escorte policière ont été pris pour cible par une dizaine d’assaillants lourdement armés. Au terme de l’attaque, on dénombrait 43 victimes dont 16 blessés dans un état critique. Des corps sans vie étaient alignés dans une mosquée chiite de Parachinar pour la prière des morts.
Un cycle de violence sans fin
Depuis juillet dernier, les heurts tribaux et confessionnels ont fait 79 morts dans le district selon la Commission pakistanaise des droits humains. Malgré des accords de trêves obtenus lors de conseils tribaux (jirgas), les violences reprennent systématiquement, souvent pour des différends territoriaux. Les autorités semblent impuissantes face à cette spirale meurtrière.
La fréquence de tels événements confirme que les gouvernements fédéral et provincial ont échoué à protéger la sécurité des citoyens ordinaires.
Commission pakistanaise des droits humains
Un pays fragilisé par les extrémismes
Cette nouvelle escalade de violences s’inscrit dans un contexte national particulièrement tendu. Cette semaine, le nord-ouest du pays a été secoué par plusieurs attaques faisant une vingtaine de morts parmi les forces de sécurité. Sept policiers ont également été enlevés pendant une journée entière, signe de la fragilité de l’état pakistanais face aux groupes extrémistes.
Le Pakistan, nation de plus de 220 millions d’habitants, est confronté à de multiples défis sécuritaires. Outre les tensions interconfessionnelles récurrentes, le pays doit faire face à la menace des groupes djihadistes dans ses zones tribales ainsi qu’au séparatisme baloutche qui déstabilise le sud-ouest.
Une paix précaire
Malgré les efforts des pouvoirs publics, la paix reste précaire dans de nombreuses régions du Pakistan. Les violences communautaires, nourries par des décennies de ressentiment et de pauvreté, sont profondément enracinées. Seule une action globale alliant développement économique, éducation et dialogue interculturel semble en mesure d’apporter une solution durable.
En attendant, les populations civiles continuent de payer le prix fort de ces affrontements fratricides. Les images de familles endeuillées, de corps mutilés et de villages dévastés sont le tragique reflet d’un Pakistan en proie à ses vieux démons communautaristes. Un lourd héritage que le pays peine à surmonter sur le chemin de la stabilité et de la réconciliation nationale.