Depuis l’annonce des résultats des élections générales du 9 octobre dernier, le Mozambique est en proie à une spirale de violences qui a déjà fait plus de 90 morts selon un mouvement local de la société civile. Le scrutin, entaché d’irrégularités, a vu la victoire contestée du parti au pouvoir, le Frelimo. L’opposition, menée par Venancio Mondlane, n’accepte pas sa défaite et a lancé un mot d’ordre de manifestations. Retour sur cette crise politique qui ébranle ce pays d’Afrique australe.
Un scrutin sous haute tension
Les élections générales du 9 octobre 2024 au Mozambique se sont déroulées dans un climat de vives tensions. Selon les résultats provisoires annoncés par la commission électorale, le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, l’aurait emporté avec plus de 71% des voix. Une victoire écrasante que conteste son principal rival, Venancio Mondlane.
Ce dernier, soutenu par le petit parti Podemos, affirme avoir remporté plus de 53% des suffrages. Il dénonce de multiples fraudes et irrégularités lors du scrutin et exige un recomptage des voix.
Cette fois-ci, nous ne ferons pas tous Noël, parce que les gens seront dans les rues, sur les routes.
Venancio Mondlane, opposant mozambicain
Un pays au bord du gouffre
Depuis l’annonce des résultats, la colère gronde dans les rues des grandes villes du pays. Des heurts quotidiens opposent les manifestants aux forces de l’ordre qui répriment violemment la contestation. D’après la Plataforma Decide, au moins 90 personnes auraient perdu la vie depuis le 21 octobre.
Le porte-parole de la police a confirmé la mort de 5 personnes mercredi dernier lors d’affrontements à Nampula et Maputo. Mais aucun bilan officiel global n’a été communiqué. La situation semble hors de contrôle et le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos.
Vers une crise politique majeure ?
Malgré les appels au calme de la communauté internationale, le dialogue semble rompu entre pouvoir et opposition. Venancio Mondlane a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à un apaisement à l’approche des fêtes de fin d’année. Au contraire, il promet une intensification de la contestation.
De son côté, le président sortant Filipe Nyusi se dit serein et certain de sa légitimité. Il attend la validation de sa réélection par le Conseil constitutionnel qui doit se prononcer au moins 2 semaines avant l’investiture prévue en janvier.
Mais dans ce contexte de crise profonde, cette échéance semble bien lointaine et incertaine. Le Mozambique retient son souffle, suspendu à une possible aggravation des violences qui menace la stabilité du pays et de la région. L’avenir s’annonce sombre pour ce géant gazier d’Afrique australe.