La ville de Jénine en Cisjordanie occupée est une nouvelle fois le théâtre de violences meurtrières. Au cœur des affrontements entre l’Autorité palestinienne et des groupes armés locaux, une jeune femme de 20 ans, Shatha Sabbagh, a perdu la vie dans la nuit de samedi à dimanche. Étudiante en journalisme très active sur les réseaux sociaux, elle a été touchée d’une balle dans la tête dans des circonstances encore troubles.
La famille de la victime pointe du doigt la responsabilité directe des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne. Selon leurs dires, Shatha se trouvait aux côtés de sa mère dans un quartier bien éclairé, loin des combats, lorsqu’elle a été abattue par le tir d’un sniper. Une version fermement rejetée par l’Autorité palestinienne, qui condamne « avec la plus grande fermeté le crime odieux commis par les hors-la-loi », faisant référence aux groupes armés qu’elle affronte depuis plusieurs semaines à Jénine.
Une région sous haute tension
Bastions de factions armées se considérant plus efficaces qu’une Autorité palestinienne contestée, la ville et le camp de réfugiés de Jénine cristallisent les tensions en Cisjordanie. Habituellement rares, les affrontements interpalestiniens s’y sont intensifiés ces dernières semaines, faisant 11 morts dont 5 membres des forces de sécurité et 6 civils depuis le 5 décembre. Le déclencheur : l’arrestation par la police de plusieurs activistes locaux.
Le mouvement islamiste Hamas, rival de l’Autorité palestinienne, a également condamné la mort de Shatha Sabbagh, y voyant « un acte criminel qui s’ajoute au sombre dossier de l’appareil sécuritaire ». Le Syndicat des journalistes palestiniens appelle de son côté à la formation d’une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ce drame.
Contexte explosif depuis 2023
Cette tragédie survient dans un contexte déjà explosif en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 où l’Autorité palestinienne ne dispose que d’une souveraineté limitée. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, les violences liées au conflit israélo-palestinien ne cessent de s’intensifier.
Face à la dégradation de la situation sécuritaire et une Autorité palestinienne fragilisée, de nombreux observateurs craignent une escalade incontrôlable. La mort de Shatha Sabbagh, jeune étudiante prise dans l’engrenage des violences, en est un tragique rappel. Sa disparition soulève une nouvelle fois la question de l’avenir de la Cisjordanie, déchirée entre luttes intestines palestiniennes et occupation israélienne.
L’urgence d’un dialogue et d’une désescalade
Plus que jamais, un dialogue entre toutes les parties prenantes apparaît comme la seule issue pour briser le cycle des violences. Une désescalade sur le terrain ainsi qu’un règlement politique global du conflit israélo-palestinien semblent cruciaux pour rétablir une paix durable et éviter que d’autres vies innocentes ne soient fauchées, à l’image de celle de Shatha Sabbagh.
Mais dans une région où les blessures sont profondes et les positions souvent irréconciliables, le chemin vers l’apaisement s’annonce long et semé d’embûches. La communauté internationale aura un rôle déterminant à jouer pour favoriser la reprise d’un processus de paix moribond. Car sans perspective politique, le risque est grand de voir la Cisjordanie et l’ensemble des Territoires palestiniens s’enfoncer dans un chaos aux conséquences imprévisibles.
En attendant, la famille et les proches de Shatha Sabbagh pleurent une jeune femme engagée et talentueuse, dont la vie a été injustement brisée. Son histoire tragique restera comme le symbole d’une génération sacrifiée sur l’autel d’un conflit qui n’en finit pas de faire de nouvelles victimes. Un terrible gâchis qui ne pourra prendre fin qu’avec le courage et la volonté de tous de construire une paix juste et durable.
