Une ombre menaçante plane sur les lycées de l’Essonne. En l’espace d’une semaine, deux professeurs ont été victimes de violences de la part d’élèves, jetant une lumière crue sur un phénomène en pleine recrudescence. Des faits d’une gravité alarmante qui choquent par leur caractère impulsif et leur banalisation apparente.
Corbeil-Essonnes : un professeur frappé pour une casquette
La scène se déroule au lycée Robert-Doisneau de Corbeil-Essonnes, le 10 octobre dernier. Un professeur de mathématiques confisque la casquette d’un élève qui refuse de s’en séparer dans les couloirs de l’établissement. Peu après, l’adolescent revient accompagné d’un camarade pour récupérer son bien. La situation dégénère, les insultes fusent. Et soudain, les coups pleuvent sur l’enseignant, sous les yeux médusés des autres lycéens. L’un des deux agresseurs présumés est actuellement en garde à vue.
Une plainte de la mère contre le professeur
Aussi aberrant que cela puisse paraître, la mère de l’un des élèves impliqués aurait signifié son intention de porter plainte… contre le professeur agressé ! Un renversement des rôles sidérant, symptomatique d’une perte de repères sur les droits et devoirs de chacun au sein du système éducatif. Une dérive inquiétante qui en dit long sur le climat de défiance envers l’autorité des enseignants.
Les Ulis : un professeur frappé après une remontrance
Deux jours plus tôt, c’est au lycée de l’Essouriau aux Ulis qu’un autre professeur était agressé par un élève de première professionnelle. Son tort ? Avoir osé faire une remontrance à l’adolescent de 16 ans, déjà suivi par un éducateur, suite à une altercation avec un autre enseignant. Pris d’un accès de colère, le jeune lui a alors asséné un violent coup de tête au visage. La victime a depuis porté plainte.
La loi du plus fort dans les lycées ?
Ces événements, loin d’être isolés, sont révélateurs d’un mal plus profond qui gangrène les relations entre élèves et professeurs. Manque de respect, contestation permanente de l’autorité, recours à la violence verbale et physique… Les témoignages d’enseignants désemparés se multiplient. Face à ce constat alarmant, les mesures prises par les établissements et les pouvoirs publics semblent bien dérisoires.
Sanctions fermes et prévention indispensables
Exclusions temporaires, conseils de discipline, dépôts de plainte… Si ces sanctions sont nécessaires, elles ne suffisent plus à endiguer le phénomène. Il est urgent de s’attaquer aux racines du mal par une politique de prévention ambitieuse :
- Renforcer l’éducation au respect et à la citoyenneté
- Impliquer davantage les parents dans le suivi scolaire
- Former les enseignants à la gestion des conflits
- Développer la médiation par les pairs
- Sécuriser les abords des établissements
Car au-delà des nécessaires sanctions, c’est bien un vaste plan de sensibilisation qu’il faut mettre en œuvre pour restaurer un climat scolaire apaisé. Les enjeux sont cruciaux : le bien-être des élèves, la sérénité des enseignants, la qualité des apprentissages. Autant de conditions sine qua non pour bâtir une école de la réussite et de l’épanouissement.
L’État et les collectivités doivent s’engager
Face à ce défi, la mobilisation de tous les acteurs est indispensable. Au premier rang desquels l’État et les collectivités territoriales, qui doivent se donner les moyens de leurs ambitions éducatives :
- En allouant des budgets conséquents à la sécurisation des établissements
- En recrutant des personnels formés en nombre suffisant
- En soutenant les initiatives pédagogiques innovantes
Il est temps de dire stop à la violence à l’école, sous toutes ses formes. C’est une priorité absolue si nous voulons bâtir une société du respect et de la réussite éducative pour tous nos enfants.
Un appel solennel que nous partageons et relayons.
Ressaisissons-nous collectivement, chacun à notre niveau, avant que la spirale infernale ne devienne inéluctable. Il en va de l’avenir de notre jeunesse et de la cohésion de toute notre société. Les récents événements dans les lycées de l’Essonne doivent agir comme un électrochoc et susciter une prise de conscience salutaire. Ne laissons pas la violence s’installer durablement dans nos écoles. L’heure est à l’action résolue, créative et sans concession.