La Bolivie est une nouvelle fois secouée par de violents affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants pro-Morales, qui dénoncent la “persécution judiciaire” de l’ancien président. D’après une source proche du dossier, ces heurts auraient fait au moins 30 blessés, dont 27 policiers, près de la ville de Mairana.
Depuis la mi-octobre, les partisans d’Evo Morales bloquent les principales routes du pays pour protester contre les poursuites visant leur leader, mais aussi contre la gestion gouvernementale de la crise. Une situation explosive qui paralyse le pays et attise les tensions.
Mairana, épicentre des violences
C’est dans la petite ville de Mairana, sur l’axe reliant La Paz à Santa Cruz, que les incidents les plus graves ont éclaté mardi. Selon les autorités, des manifestants auraient “lâchement attaqué” le commissariat local, blessant plusieurs policiers et causant des dégâts matériels. En réponse, le gouvernement a fermement condamné ces “actes criminels” et annoncé l’ouverture d’une enquête.
Mais la tension est loin de retomber. Les pro-Morales, qui accusent le président Luis Arce de vouloir empêcher la candidature de leur champion à la présidentielle de 2025, maintiennent la pression. Conséquence directe : des pénuries de carburant, de longues files d’attente et une flambée des prix des produits de base. Le pays est au bord de la paralysie.
Morales crie au complot
De son côté, Evo Morales joue la carte de la victimisation. L’ancien dirigeant affirme être visé par une tentative d’assassinat, orchestrée selon lui par “des agents d’élite de l’État bolivien”. Une version contestée par le gouvernement, qui évoque un simple contrôle de police anti-drogue auquel le convoi de Morales aurait tenté d’échapper par la force.
“Il a organisé et ordonné l’opération”
– Evo Morales, accusant le ministre de l’Intérieur Eduardo Del Castillo
Pour l’heure, l’enquête suit son cours et les deux camps se renvoient la responsabilité des violences. Mais dans ce climat de défiance généralisée, chaque incident risque de mettre le feu aux poudres. D’autant que Morales, toujours très populaire dans son fief de Cochabamba, peut compter sur le soutien indéfectible de nombreux paysans et indigènes.
Un pays au bord de l’implosion
Avec plus de 20 barrages routiers recensés à travers le pays et des manifestations qui s’intensifient, la Bolivie semble au bord du gouffre. Les blessures de la crise post-électorale de 2019, qui avait vu Evo Morales contraint à l’exil, sont encore à vif. Et les fractures politiques et sociales apparaissent plus profondes que jamais.
Dans ce contexte, l’appel d’Evo Morales à une “enquête internationale et indépendante” apparaît comme une tentative désespérée de reprendre la main. Mais sans dialogue ni compromis, c’est tout le pays qui risque de s’enfoncer dans le chaos. Un scénario catastrophe que les Boliviens, déjà durement éprouvés par la pandémie et la crise économique, ne peuvent se permettre.
La balle est désormais dans le camp du président Luis Arce. Saura-t-il apaiser les tensions et renouer le fil du dialogue ? Ou assistera-t-on à une nouvelle éruption de violences, sur fond de règlements de comptes politiques ? L’avenir de la Bolivie est plus que jamais en suspens.