Face à la recrudescence des violences dans les stades de football, les autorités semblent déterminées à sévir. Réunis ce jeudi par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, les instances dirigeantes du ballon rond français se sont vues signifier une série de mesures fortes visant à éradiquer les débordements qui ternissent l’image de ce sport.
Une billetterie nominative pour faciliter l’identification des fauteurs de troubles
Mesure phare de ce plan de bataille, la mise en place d’une billetterie nominative obligatoire d’ici la fin de l’année pour les trois clubs les plus problématiques : le Paris Saint-Germain, l’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille. Un dispositif qui permettra, selon le ministère, « l’identification plus rapide des fauteurs de troubles ».
Dans un second temps, ce système sera généralisé à l’ensemble des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 d’ici la fin de la saison. Un contraste saisissant avec la situation actuelle où la France ne compte qu’environ 200 interdits de stade, contre 3000 outre-Manche.
Davantage de policiers en civil dans les tribunes
Autre axe fort, le renforcement de la présence policière au cœur même des enceintes sportives. Bruno Retailleau souhaite en effet déployer plus d’agents en civil, équipés de caméras portatives, directement dans les tribunes. Objectif affiché : pouvoir repérer et interpeller plus efficacement les meneurs.
Deux des meneurs des chants homophobes au Parc des Princes ont été identifiés. J’ai demandé à ce qu’ils soient déférés devant un juge.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur
Des sanctions judiciaires systématiques
Justement, le patron de la Place Beauvau entend que les individus coupables d’injures discriminatoires soient désormais systématiquement identifiés, interpellés et traduits en justice. Une détermination affichée face aux chants homophobes ayant notamment résonné dans les travées du Parc des Princes le week-end dernier lors de PSG-Strasbourg.
L’épineuse question de l’interruption des matchs
Faut-il aller jusqu’à interrompre les rencontres en cas d’incidents ? Sur ce point, le ministre s’est montré plus nuancé que dans la matinée. S’il juge cela « très compliqué » et estime que ce n’est « pas la bonne solution », il évoque néanmoins la possibilité « d’interruptions provisoires », voire « d’exfiltrations de supporters ».
Une position en décalage avec celle du ministre des Sports, Gil Avérous, partisan d’un arrêt pur et simple des matchs en cas de problème, quelle que soit sa nature (homophobie, racisme, violences). Une divergence qui pourrait être mise à l’épreuve dès dimanche, lors du choc OM-PSG au stade Vélodrome.
Vers un meilleur encadrement des déplacements de supporters
Enfin, Bruno Retailleau souhaite responsabiliser davantage les clubs dans la gestion des déplacements de leurs supporters, afin de soulager les forces de l’ordre. Faute d’amélioration, un régime d’interdiction pure et simple pourrait être instauré, avec des autorisations accordées au cas par cas.
Le ministre plaide par ailleurs pour « un large consensus en faveur de l’individualisation des peines ». Des annonces fortes, qui devront maintenant être suivies d’effets sur le terrain. Car comme le souligne une source proche du dossier, « il en va de la survie même du football dans les stades ».