C’est un rapport qui fait froid dans le dos. Le Conseil de l’Europe tire la sonnette d’alarme sur les violences subies par les détenus d’une prison hongroise. Gifles, coups de poing, de pied et même de matraque… Le quotidien des prisonniers de Tiszalök, dans le nord-est de la Hongrie, est un véritable enfer si l’on en croit les conclusions accablantes publiées mardi par le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT). Des actes de maltraitance inacceptables qui mettent en lumière les dérives inquiétantes du système carcéral hongrois.
Des détenus victimes de violences, même menottés
Selon le rapport du CPT, de nombreux détenus de la prison de Tiszalök ont rapporté avoir subi des violences physiques de la part du personnel pénitentiaire. Gifles, coups de poing, coups de pied, passages à tabac à coups de matraque… Les témoignages font état de mauvais traitements récurrents, infligés parfois même à des prisonniers qui avaient les mains et les chevilles menottées, donc sans aucun moyen de se défendre. Une situation proprement scandaleuse qui bafoue les droits humains les plus élémentaires.
Harcèlement sexuel et traitements dégradants
Mais les violences physiques ne sont malheureusement pas les seuls sévices subis par les détenus de Tiszalök. Le rapport du Conseil de l’Europe évoque également des cas de harcèlement sexuel envers les femmes incarcérées, ainsi que des insultes à caractère raciste ou des remarques humiliantes visant les personnes transgenres. Sans oublier les fouilles à nu, particulièrement attentatoires à la dignité. Un ensemble de pratiques dégradantes et discriminatoires qui n’ont pas leur place dans un État de droit européen au XXIe siècle.
Quand les détenus sont encouragés à se maltraiter entre eux
Peut-être le plus choquant dans ce rapport est la révélation que certains prisonniers étaient autorisés, voire encouragés par le personnel pénitentiaire, à maltraiter leurs codétenus. Une situation aberrante qui démontre un niveau de dysfonctionnement gravissime au sein de cette prison hongroise. Comment imaginer que ceux qui sont censés assurer la sécurité et le respect des détenus puissent ainsi attiser la violence entre prisonniers ? C’est un constat glaçant qui en dit long sur l’état du système carcéral hongrois.
La Hongrie, mauvais élève de l’Europe pénitentiaire
Malheureusement, le cas de la prison de Tiszalök ne semble pas être une exception en Hongrie. Le pays figure parmi les plus mauvais élèves d’Europe en matière de conditions de détention, pointé du doigt pour sa surpopulation carcérale record. Cinquième taux d’occupation des prisons le plus élevé du continent selon le Conseil de l’Europe… La situation des détenus hongrois apparaît particulièrement préoccupante, et les révélations sur les violences commises à Tiszalök ne font que renforcer l’urgence d’une réaction des autorités.
L’État de droit en question
Au-delà du scandale carcéral, c’est toute la question du respect de l’État de droit par la Hongrie qui se pose une nouvelle fois. Déjà en conflit ouvert avec l’Union européenne sur ce sujet, le gouvernement de Viktor Orban voit sa réputation un peu plus entachée par ce rapport accablant. Entre violations des droits des détenus et atteintes à l’indépendance de la justice, les dérives s’accumulent et inquiètent les défenseurs des libertés fondamentales. Bruxelles a d’ailleurs déjà sanctionné Budapest en gelant des milliards d’euros de fonds européens.
Face à ces révélations chocs, une réaction ferme des autorités hongroises est plus que jamais attendue. Éradiquer la violence en prison, assurer le respect de la dignité des détenus, mettre fin à l’impunité des bourreaux… Les chantiers sont immenses pour restaurer un système carcéral digne d’un pays européen. Mais c’est aussi tout l’État de droit hongrois qui doit se réformer en profondeur, sous peine de se voir infliger de nouvelles sanctions. Le chemin est encore long, mais le rapport du Conseil de l’Europe a le mérite de mettre en lumière l’ampleur du problème. Aux dirigeants hongrois maintenant de prouver leur volonté de changement.