Le Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde, est une fois de plus secoué par une vague de violences meurtrières. Sur fond de tensions avec le Soudan voisin, des affrontements ont éclaté, faisant 12 morts parmi les Soudanais vivant sur le territoire sud-soudanais. Cette nouvelle crise met en lumière la fragilité d’un pays en proie à une instabilité chronique depuis son indépendance en 2011.
Des manifestations qui dégénèrent
Tout a commencé par un rassemblement dans la capitale, Juba, organisé pour protester contre des informations faisant état du meurtre de 29 citoyens sud-soudanais à Wad Madani, au Soudan voisin. Cependant, la situation a rapidement dégénéré, conduisant au pillage de commerces appartenant à des Soudanais. La police est intervenue, tirant des coups de feu pour disperser la foule, causant trois morts et sept blessés.
Un couvre-feu instauré, des manifestations qui s’étendent
Face à l’escalade des violences, les autorités sud-soudanaises ont instauré un couvre-feu nocturne dès vendredi. Cependant, cela n’a pas empêché les manifestations de se propager à d’autres villes du pays. À Aweil, dans le nord, neuf personnes ont perdu la vie, dont deux Sud-Soudanais et sept Soudanais. À Juba, 13 Sud-Soudanais ont été blessés par balle lors d’échanges de tirs à différents endroits de la ville.
Un calme relatif, mais une situation humanitaire préoccupante
Selon les forces de l’ordre, la situation sécuritaire est « relativement calme et stable dans tout le pays depuis les dernières 24 heures ». Cependant, les commerces soudanais restent fermés et les forces de sécurité sont largement déployées dans la capitale. Plus de 600 Soudanais ont été amenés au quartier général de l’armée, tandis que 278 autres, dont 35 enfants, ont été mis à l’abri par la police.
Nous avons créé une nouvelle catastrophe humanitaire
– Angelina Teny, ministre de l’Intérieur du Soudan du Sud
Le président Salva Kiir a appelé « à la retenue », mais la situation reste tendue. De nombreux Soudanais résident ou se sont réfugiés au Soudan du Sud, fuyant la guerre qui ravage leur propre pays depuis avril 2023.
Le Soudan, un pays en guerre
Le conflit soudanais oppose l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) menés par le général Mohamed Hamdane Daglo. Cette guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et plongé des centaines de milliers d’autres dans la famine.
Les violences au Soudan du Sud s’inscrivent dans ce contexte régional troublé, où les tensions ethniques et politiques s’entremêlent. Le pays, qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, peine à trouver la stabilité et à se reconstruire après des années de guerre civile.
Un avenir incertain pour le Soudan du Sud
Malgré les appels au calme et les mesures prises par les autorités, l’avenir du Soudan du Sud reste incertain. Le pays doit faire face à de nombreux défis, notamment :
- La fragilité des institutions étatiques
- Les tensions ethniques persistantes
- La pauvreté et le sous-développement chroniques
- Les répercussions de la guerre au Soudan voisin
Pour sortir de ce cycle de violence et de crise humanitaire, le Soudan du Sud aura besoin d’un soutien international fort et d’une volonté politique réelle de s’engager sur la voie de la paix et de la réconciliation. Les prochains jours seront décisifs pour évaluer l’évolution de la situation et les mesures qui seront prises pour éviter une nouvelle escalade.
Dans ce contexte troublé, la communauté internationale devra rester vigilante et prête à agir pour prévenir de nouvelles atrocités et soutenir les efforts de paix et de développement au Soudan du Sud. Car au-delà des violences actuelles, c’est l’avenir de tout un peuple qui est en jeu, un peuple qui aspire à vivre enfin dans la stabilité et la dignité après des années de souffrances.