Au cœur d’une banlieue animée près de la capitale mozambicaine, une journée qui se voulait symbolique a viré au drame. Ce mardi, deux vies ont été brutalement fauchées par des tirs policiers lors d’une manifestation qui secoue ce pays d’Afrique australe. Une question brûle les lèvres : jusqu’où ira cette spirale de violence qui ébranle la nation depuis des mois ?
Un Pays au Bord du Chaos
Ce 18 mars 2025 n’était pas une date comme les autres. Elle marquait le deuxième anniversaire d’un hommage à un artiste engagé, un rappeur dont les mots résonnent encore dans les rues. Mais ce jour-là, c’est un appel plus large, lancé par une figure emblématique de l’opposition, qui a mobilisé les foules. Objectif : paralyser le pays pour rendre hommage aux “héros” d’une lutte qui ne faiblit pas.
Dans une ville proche de Maputo, les événements ont pris une tournure tragique. Des images saisissantes montrent des corps inertes, recouverts de couvertures, gisant sur le sol après une intervention musclée des forces de l’ordre. D’après une source proche des lieux, les tirs auraient été directs, l’un des projectiles atteignant même une victime à la tête.
Une Répression Policière Controversée
La police, arrivée pour disperser le rassemblement, n’a pas hésité à employer la force létale. Ce n’est pas un cas isolé : depuis plusieurs mois, les violences post-électorales rythment le quotidien mozambicain. Selon une ONG locale, plus de **350 personnes** ont déjà perdu la vie dans ce contexte tendu, la majorité touchée par des balles. Une brutalité qui choque et interroge.
Ils ont tiré à balles réelles sur notre équipe qui documentait les événements.
– Responsable d’une ONG de défense des droits humains
Cette déclaration, publiée sur les réseaux sociaux, pointe du doigt une unité spéciale de la police, connue pour ses méthodes expéditives. Les manifestants, eux, ne demandaient qu’à faire entendre leur voix, dans un pays où le silence est souvent imposé par la force.
Un Conflit Né des Urnes
À l’origine de cette flambée de violence, une élection contestée. En octobre dernier, le scrutin présidentiel a reconduit au pouvoir le parti historique, en place depuis un demi-siècle. Mais pour beaucoup, ce résultat est entaché d’irrégularités. Des observateurs internationaux, dont une mission européenne, ont dénoncé des anomalies flagrantes.
Face à cela, un leader de l’opposition, revendiquant la victoire, a galvanisé ses soutiens. Depuis, les rues sont devenues le théâtre d’une contestation sans relâche, portée par un slogan puisé dans une chanson engagée : *“Le peuple au pouvoir”*. Ce cri de ralliement, né il y a plus de 15 ans, trouve aujourd’hui un écho brûlant.
Un Hommage qui Dérange
Ce mardi, l’appel à “arrêter le pays” ne visait pas seulement à défier le pouvoir en place. Il s’inscrivait aussi dans une volonté de célébrer une mémoire collective, incarnée par cet artiste disparu il y a deux ans. Ses textes, critiques envers le gouvernement, avaient déjà suscité des tensions à l’époque. En 2023, un rassemblement en son honneur avait été réprimé dans des circonstances similaires.
Aujourd’hui, son héritage musical accompagne les cortèges, comme une bande-son de la révolte. Mais cette résonance culturelle n’a pas empêché le drame : la police, fidèle à ses habitudes, a choisi la confrontation plutôt que le dialogue.
Une Désescalade en Trompe-l’Œil
Depuis l’investiture du nouveau président en janvier, issu du même parti au pouvoir, une accalmie semblait s’installer. Les violences, qui avaient atteint un pic après les élections, perdaient en intensité. Mais cet incident récent prouve que la paix reste fragile, prête à voler en éclats au moindre soubresaut.
- Des mois de tensions électorales.
- Un pouvoir inflexible face à la contestation.
- Une population déterminée à se faire entendre.
Ce contraste entre apparente stabilisation et regain de violence illustre la complexité de la crise mozambicaine. Les racines du problème, ancrées dans des décennies de gouvernance autoritaire, ne semblent pas près de céder.
Les Chiffres qui Parlent
Pour mieux saisir l’ampleur du drame, quelques données suffisent à dresser un tableau alarmant. Une organisation locale a compilé les pertes humaines depuis le début des troubles post-électoraux. Voici ce qu’il en ressort :
Victimes | Cause principale | Période |
Plus de 350 | Blessures par balles | Octobre 2024 – Mars 2025 |
2 | Tirs policiers | 18 mars 2025 |
Ces chiffres, bien que glaçants, ne racontent qu’une partie de l’histoire. Derrière chaque nombre, il y a des familles brisées, des espoirs éteints, et une colère qui ne demande qu’à s’exprimer.
Un Peuple en Quête de Justice
Dans ce climat explosif, les Mozambicains ne se contentent plus de subir. L’appel à un “jour férié” pour honorer leurs héros n’était pas anodin : il s’agissait de rappeler que la lutte pour la démocratie a un prix, et que ce prix est déjà lourd. Mais jusqu’où devront-ils aller pour obtenir un changement ?
Les observateurs s’accordent à dire que les irrégularités électorales ont semé une défiance profonde envers les institutions. Cette fracture, aggravée par la répression, pourrait bien transformer une contestation ponctuelle en un mouvement plus durable.
Que Peut-on Attendre de l’Avenir ?
Alors que les rues de Matola pansent leurs plaies, une chose est claire : la crise est loin d’être résolue. Le pouvoir, en place depuis des décennies, fait face à une opposition de plus en plus structurée, portée par une jeunesse qui refuse de baisser les bras. Mais la réponse musclée des autorités risque de radicaliser davantage les positions.
Pour certains, ce mardi tragique n’est qu’un épisode de plus dans une longue histoire de combats. Pour d’autres, il pourrait marquer un tournant. Une chose est sûre : les échos de *“Povo no poder”* continueront de résonner, tant que le peuple n’aura pas voix au chapitre.
Un pays suspendu entre espoir et répression : le Mozambique à la croisée des chemins.