Imaginez une région où chaque jour apporte son lot de drames, où des hommes armés surgissent de nulle part pour semer la mort, laissant derrière eux des familles brisées et une population terrifiée. C’est la réalité du Baloutchistan, cette province reculée du sud-ouest du Pakistan, théâtre d’une nouvelle tragédie ce samedi. Des assaillants ont ôté la vie à quatre ouvriers originaires du Pendjab et à quatre policiers, dans une attaque d’une violence brutale qui soulève une question lancinante : jusqu’où ira cette spirale infernale ?
Un Conflit aux Racines Profondes
Le Baloutchistan n’est pas une terre de paix. Depuis des décennies, cette province, nichée aux confins de l’Afghanistan et de l’Iran, est déchirée par un conflit séparatiste qui oppose des groupes armés à l’État pakistanais. Mais que veulent ces rebelles ? D’après une source proche des autorités, la réponse réside dans un sentiment d’injustice profondément enraciné : **70 % des habitants vivent dans la pauvreté**, alors que leur sous-sol regorge de richesses comme le gaz et les minerais, souvent exploités par des entreprises étrangères.
Ce samedi, l’attaque a visé des ouvriers pendjabis, perçus comme des symboles de l’influence extérieure dans une région qui se sent abandonnée. Ces hommes, qui creusaient des puits, n’ont eu aucune chance face à des assaillants à moto, armés et déterminés. Quelques heures plus tard, quatre policiers ont également perdu la vie, preuve que personne n’est à l’abri dans ce climat de terreur.
Des Exécutions Ciblées : Une Tactique Répétée
Ce n’est pas un incident isolé. Depuis des mois, les séparatistes intensifient leurs actions, ciblant particulièrement les travailleurs venus d’autres provinces, notamment du Pendjab. Pourquoi cette haine ? Ces ouvriers sont souvent vus comme des intrus, des représentants d’un pouvoir central accusé de piller les ressources locales sans rien rendre en retour.
Les assaillants vérifient les identités avant de tirer. C’est une guerre ethnique autant que politique.
– Un responsable local anonyme
En août dernier, un groupe armé a stoppé des véhicules sur plusieurs routes, inspectant les cartes d’identité des passagers. Résultat : 39 morts, abattus froidement pour la seule raison qu’ils étaient pendjabis. En février, sept autres travailleurs ont subi le même sort après l’arrêt de leur bus. Et en mars, trois barbiers ambulants originaires du Sindh ont été exécutés sans pitié. Cette répétition macabre montre une stratégie claire : semer la peur et chasser ceux qui ne sont pas d’ici.
Une Province Riche, un Peuple Pauvre
Le paradoxe du Baloutchistan est saisissant. Sous ses terres arides dorment des trésors : gaz naturel, minerais précieux, pétrole. Pourtant, la population ne voit presque rien de cette manne. Les infrastructures manquent, les écoles sont rares, et l’économie locale stagne. Pendant ce temps, des entreprises étrangères, notamment chinoises, exploitent ces ressources, alimentant la colère des habitants.
- Richesse souterraine : Gaz, pétrole, minerais en abondance.
- Réalité quotidienne : 70 % de pauvreté, chômage endémique.
- Conséquence : Une frustration qui nourrit la rébellion.
Cette disparité n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave avec le temps. Les Baloutches se sentent dépossédés, relégués au rang de spectateurs dans leur propre maison. Et cette rancœur se transforme en violence, souvent indiscriminée.
Une Année Sanglante : 2024 en Chiffres
Depuis le début de l’année, le bilan est effarant. Près de **180 personnes**, principalement des membres des forces de sécurité, ont péri dans des attaques attribuées à des groupes armés, que ce soit au Baloutchistan ou dans la province voisine du Khyber-Pakhtunkhwa. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire : selon une étude récente, 2024 serait l’année la plus meurtrière au Pakistan depuis près de dix ans, avec plus de **1 600 morts** au total.
Période | Morts | Victimes principales |
Janvier 2024 – Aujourd’hui | ~180 | Forces de sécurité |
Année 2024 (total) | 1 600+ | Forces de sécurité, civils |
Ces chiffres, bien que glaçants, ne racontent pas tout. Derrière chaque statistique, il y a des vies fauchées, des familles en deuil, et une région qui s’enfonce dans le chaos. Les autorités peinent à reprendre le contrôle, tandis que les séparatistes gagnent en audace.
Un Contexte Explosif : Prises d’Otages et Attentats
Le Baloutchistan a récemment été le théâtre d’un drame particulièrement marquant : une prise d’otages dans un train, qui s’est soldée par une soixantaine de morts. Selon des sources officielles, la moitié des victimes étaient les assaillants eux-mêmes, tués lors de l’intervention des forces de l’ordre. Cet événement, spectaculaire par son ampleur, illustre l’escalade d’une violence qui ne semble connaître aucune limite.
Les groupes armés, dont certains opèrent sous la bannière de l’Armée de libération du Baloutchistan, ne reculent devant rien. Leurs méthodes sont brutales, leurs cibles variées : forces de sécurité, travailleurs migrants, civils soupçonnés de collaboration. Chaque attaque est un message, un défi lancé à l’État pakistanais.
Pourquoi le Pendjab est-il Visé ?
Les Pendjabis, originaires de la province la plus peuplée et influente du Pakistan, sont dans le viseur des séparatistes pour une raison simple : ils incarnent, aux yeux des rebelles, l’oppression de l’État central. Leur présence dans l’armée et les institutions renforce cette perception. Mais pour les victimes, souvent de simples ouvriers ou chauffeurs, cette logique est une sentence de mort injuste.
Ils ne cherchent pas seulement à tuer, mais à diviser.
– Un officier de police local
Cette vendetta ethnique complique encore davantage un conflit déjà inextricable. Elle alimente un cycle de haine et de représailles qui semble sans fin.
Que Peut-on Attendre de l’Avenir ?
Face à cette montée en puissance des violences, les autorités pakistanaises sont sur le qui-vive. Des renforts ont été déployés, mais les assaillants, mobiles et insaisissables, continuent de frapper. Les habitants, eux, oscillent entre résignation et colère, pris en étau entre les rebelles et un gouvernement qui semble impuissant.
Pourtant, certains experts estiment que la solution ne peut être que politique. Sans un partage équitable des richesses et une reconnaissance des grievances baloutches, la paix restera un mirage. Mais dans l’immédiat, c’est la loi du plus fort qui prévaut, et chaque jour apporte son lot de sang versé.
Et demain ? Une question qui hante les esprits, alors que le Baloutchistan s’enfonce dans une guerre sans fin.
Ce samedi, huit vies ont été fauchées. Huit de trop dans une région où la mort est devenue une routine. Mais derrière les armes et les cris, il y a une histoire plus vaste : celle d’un peuple qui réclame justice, d’un État qui lutte pour son autorité, et d’une terre qui, malgré ses richesses, ne trouve pas la paix.