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Violences anti-migrants au Royaume-Uni : la colère gronde

Le Royaume-Uni est en proie à des émeutes anti-migrants d'une violence inouïe depuis le meurtre de trois fillettes à Southport. Attaques d'hôtels hébergeant des demandeurs d'asile, rhétorique anti-immigration des politiques... Le pays au bord de l'implosion ?

Depuis quatre jours, le Royaume-Uni est secoué par une flambée de violences anti-migrants d’une intensité inédite depuis plus de dix ans. Au cœur du chaos, le meurtre sordide de trois fillettes à Southport, qui a mis le feu aux poudres dans un contexte de crispation autour de l’immigration.

Le drame de Southport, étincelle de la colère

Lundi 4 août, trois fillettes sont sauvagement assassinées dans une attaque au couteau à Southport, petite ville paisible du nord-ouest de l’Angleterre. Très vite, les réseaux sociaux s’enflamment, propageant rumeurs et désinformation sur le profil de l’agresseur présumé, un adolescent de 17 ans. Sa religion, son origine, les motifs de son acte : les spéculations les plus folles circulent, alimentant un climat de psychose collective.

La rhétorique anti-immigration attise les braises

Mais le terreau de la colère grondait déjà depuis des mois au Royaume-Uni. En cause : l’arrivée continue sur les côtes anglaises de migrants en provenance de France, traversant la Manche sur de fragiles canots pneumatiques. Un phénomène qui cristallise les tensions, habilement attisées par certains discours politiques ouvertement hostiles à l’immigration.

Enough is enough (Trop c’est trop) !

Mot d’ordre des manifestants anti-migrants

Dès mardi, la colère populaire explose. Des rassemblements se forment aux cris de “Enough is enough“, en référence à ces arrivées de migrants jugées intenables. Rapidement, la situation dégénère. Plusieurs hôtels hébergeant des demandeurs d’asile sont pris pour cible, leurs vitres brisées, des feux allumés. Les forces de l’ordre tentent de contenir la fureur des émeutiers, essuyant insultes et projectiles.

Le premier ministre promet la fermeté

Face à ce déferlement de violence, le nouveau premier ministre travailliste Keir Starmer se veut intransigeant. Dans une courte allocution depuis Downing Street, il promet que les “voyous” anti-migrants seront traduits en justice, pointant du doigt “des violences d’extrême droite”. Les casseurs regretteront d’avoir participé à ces désordres, assure-t-il.

Depuis samedi, la police a procédé à près de 150 arrestations à travers le pays. Mais les émeutes se poursuivent, touchant de nouvelles villes. À Tamworth et Rotherham, de nouveaux hôtels pour migrants sont attaqués dimanche soir, faisant plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre.

Les responsables religieux appellent à l’unité

Dans ce climat de tension extrême, des voix s’élèvent pour prôner l’apaisement. À Liverpool, épicentre des violences, des responsables religieux de différentes confessions signent un communiqué commun appelant à l’unité de la société britannique. Mais le mal semble profond.

Pour certains commentateurs, la montée des discours anti-immigration dans la classe politique a dangereusement légitimé la parole des émeutiers. Le parti anti-immigration Reform UK a ainsi engrangé plus de 14% des voix aux dernières législatives. Un chiffre qui en dit long sur le malaise actuel de la société britannique, déchirée par la question migratoire.

Le Royaume-Uni saura-t-il retrouver la voie de la concorde et apaiser les tensions? Alors que le pays n’avait plus connu une telle flambée de violences depuis les émeutes de 2011, l’incendie qui couve depuis des mois menace aujourd’hui d’embraser tout le pays. Un défi de taille pour le gouvernement de Keir Starmer, qui joue là sa crédibilité sur un sujet brûlant.

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