Un paisible mercredi soir a basculé dans le chaos dans le quartier du Long Rayage à Lisses, en Essonne. Selon des sources proches de l’enquête, un tournage de clip de rap non déclaré, rassemblant une trentaine d’adolescents, certains exhibant des armes blanches, a dégénéré en violents affrontements avec les forces de l’ordre.
L’intervention des gendarmes, appelés par des riverains inquiets vers 18h30, a mis le feu aux poudres. À leur arrivée sur place, les militaires ont été accueillis par des tirs de mortiers d’artifice. Fort heureusement, aucun d’entre eux n’a été blessé lors de ces échanges tendus.
Un tournage illégal qui vire au drame
Ce qui devait être un simple clip de rap s’est transformé en scène de guérilla urbaine. D’après les premiers éléments de l’enquête, ouverte dans la foulée par le parquet, les participants au tournage, pour la plupart des mineurs, arboraient fièrement des armes blanches telles que des marteaux et d’autres objets contondants.
C’était surréaliste, on se serait cru dans un film. Des ados surexcités partout, des armes qui brillaient sous les réverbères… Et puis d’un coup, les mortiers qui fusent vers les gendarmes, c’était un vrai bordel !
Un témoin sous couvert d’anonymat
Le quartier sous le choc
Cet événement a profondément choqué les habitants du quartier du Long Rayage, réputé calme d’ordinaire. Beaucoup s’interrogent sur les motivations de ces jeunes à s’afficher ainsi armés et menaçants pour les besoins d’un simple clip.
Une mère de famille, qui a requis l’anonymat par peur de représailles, confie son désarroi :
Je ne comprends pas ce qui a pris à ces gamins. Certains ont à peine 12 ou 13 ans. Qu’est-ce qu’ils font avec des armes ? Où sont leurs parents ? C’est à se demander dans quel monde on vit…
La mairie condamne fermement ces actes
Face à ces événements d’une rare violence, la municipalité de Lisses a rapidement réagi. Dans un communiqué, le maire a “condamné avec la plus grande fermeté ces actes inacceptables qui mettent en danger la vie d’autrui et ternissent l’image de notre ville”.
Il a également annoncé un renforcement des mesures de sécurité et des actions de prévention auprès des jeunes :
Nous allons multiplier les patrouilles de police municipale, surtout aux abords des quartiers sensibles. Des médiateurs seront aussi déployés pour dialoguer avec les jeunes et les sensibiliser aux dangers de la violence et de la délinquance.
Extrait du communiqué de la mairie de Lisses
Une enquête ouverte, des armes saisies
Les gendarmes ont procédé à plusieurs interpellations sur place et saisi bon nombre d’armes par destination. Les auditions des suspects sont en cours pour tenter de comprendre les circonstances exactes de ces débordements et identifier d’éventuels meneurs.
Selon une source proche du dossier, les enquêteurs vont aussi se pencher sur les réseaux sociaux, où la vidéo tournée par le groupe de rappeurs amateurs aurait déjà fuité :
Il faut identifier tous les participants et déterminer leur degré d’implication. On va éplucher leurs profils à la recherche d’indices, de messages suspects. L’exploitation de la vidéo sera déterminante aussi.
Vers un durcissement de l’encadrement des clips de rap ?
Au-delà du seul cas de Lisses, ces incidents relancent le débat sur la violence véhiculée par certains clips de rap et leur influence sur la jeunesse.
Des voix s’élèvent pour réclamer un meilleur encadrement des tournages, voire une censure des contenus jugés les plus problématiques. Mais pour les défenseurs de la liberté d’expression, il est hors de question de jeter l’opprobre sur tout un genre musical.
Bien sûr qu’il faut condamner la violence, d’où qu’elle vienne. Mais attention à ne pas faire d’amalgame ! Le rap n’est pas le problème, ce sont les conditions socio-économiques de certains quartiers qu’il faut améliorer.
Un sociologue spécialiste des cultures urbaines
Une chose est sûre : face à ce phénomène inquiétant, il est urgent d’ouvrir un dialogue apaisé avec les jeunes des cités pour éviter que la fiction ne contamine dangereusement la réalité. Un défi de taille pour les pouvoirs publics et les acteurs associatifs qui oeuvrent sur le terrain au quotidien.