Près de six mois après les violentes agressions contre des supporters israéliens à Amsterdam, le tribunal de la capitale néerlandaise s’apprête à rendre son jugement ce mardi concernant cinq des accusés. Ces attaques en marge d’un match de football entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv en novembre dernier avaient suscité une vive émotion et été qualifiées d’antisémites par de nombreux gouvernements.
Des peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison requises
Le parquet a requis des sanctions allant d’un mois à deux ans d’emprisonnement à l’encontre des cinq hommes jugés pour une série d’infractions présumées, des coups portés aux supporters israéliens à l’incitation à la violence sur des groupes de discussion en ligne. La peine la plus lourde, deux ans dont six mois avec sursis, a été demandée pour Sefa Ö, 32 ans, considéré comme ayant joué un « rôle de premier plan » dans ces violences d’après les procureurs.
Plusieurs supporters israéliens passés à tabac
Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2022, des fans du Maccabi Tel-Aviv venus assister au match contre l’Ajax ont été pris en chasse et roués de coups dans les rues de la ville. Cinq d’entre eux ont dû être brièvement hospitalisés. Des vidéos de ces agressions ont circulé dans le monde entier, déclenchant l’indignation en Israël où l’on a dénoncé un « pogrom ».
La thèse de violences influencées par le conflit israélo-palestinien
Si pour les procureurs ces actes n’avaient « pas grand-chose à voir avec le football », ils estiment en revanche qu’il n’y a « aucune preuve d’un lien organisé, d’une intention terroriste » et que « la violence n’était pas motivée par un sentiment antisémite ». Selon le parquet, « la violence a été influencée par la situation à Gaza, et non par l’antisémitisme », des tensions étant apparues avant la rencontre. La police fait état de slogans anti-arabes scandés par des supporters israéliens qui auraient aussi vandalisé un taxi et brûlé un drapeau palestinien.
D’autres procédures à venir
Au total, la police a annoncé enquêter sur au moins 45 personnes en lien avec ces violences, y compris des supporters du Maccabi soupçonnés de comportements provocateurs. Six autres suspects doivent encore comparaître ultérieurement dont trois mineurs lors d’audiences à huis clos. Un homme de 22 ans originaire de Gaza, accusé de tentative d’homicide involontaire, a vu son procès reporté pour expertise psychologique.
Un verdict très attendu
Au-delà des faits de violences, ce procès revêt un caractère symbolique et politique, cristallisant les tensions persistantes du conflit israélo-palestinien. La qualification d’antisémitisme, rejetée par les procureurs mais martelée par Israël, est au cœur des débats. Le jugement rendu par le tribunal d’Amsterdam sera donc scruté avec attention, tant pour la sévérité des peines que pour son analyse des motivations des accusés et du contexte de ces agressions qui ont choqué par leur intensité.
Il est inquiétant de voir le conflit israélo-palestinien générer de telles violences en plein cœur de l’Europe. Le football ne devrait pas être le terrain de tels déchaînements de haine.
– Un expert des questions de sécurité dans le sport
Ce procès met en lumière la nécessité pour les autorités du football et les pouvoirs publics de redoubler de vigilance et de fermeté face aux risques de débordements motivés par des considérations dépassant largement le cadre sportif. Un travail de fond doit être mené pour prévenir et sanctionner toute forme de violence et de discrimination dans et autour des stades. Le verdict attendu à Amsterdam envoie un signal fort sur la détermination de la justice à combattre ce fléau.