C’est un cocktail explosif qui a enflammé les rues d’Amsterdam la semaine dernière. Un mélange détonnant « d’antisémitisme et de hooliganisme » selon les mots forts de la maire Femke Halsema. Au cœur de ce tourbillon de violence : des supporters israéliens, pris pour cible après un match de football européen. Retour sur des incidents qui ont secoué la capitale néerlandaise et suscité une vive émotion.
Des supporters israéliens traqués et agressés
Tout commence le 7 novembre au soir, après une rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv. Des supporters de l’équipe israélienne, « invités dans notre ville » souligne la maire, sont alors pris en chasse par des bandes organisées. Mobilisées via les réseaux sociaux selon la police, celles-ci traquent littéralement les fans du Maccabi dans les rues de la ville. Le bilan est lourd :
- Entre 20 et 30 supporters israéliens blessés
- Des agressions « purement destinées » à ces fans selon la maire
- Des attaques d’une violence inouïe, les assaillants prenant immédiatement la fuite
Des actes antisémites d’une rare intensité, qui ont provoqué un tollé aux Pays-Bas et bien au-delà. Israël et de nombreuses capitales occidentales ont vivement réagi, pointant du doigt la montée inquiétante de l’antisémitisme en Europe.
Un contexte de tensions communautaires exacerbées
Mais ces violences ne sont pas sorties de nulle part. Elles s’inscrivent dans un contexte particulièrement tendu, sur fond de conflit israélo-palestinien. D’après une source proche du dossier, des incidents avaient déjà éclaté avant le match, notamment des chants anti-arabes scandés par des supporters du Maccabi. Un premier signal alarmant.
Ces violences se sont produites dans un contexte de polarisation en Europe, avec une montée des actes antisémites, anti-israéliens et islamophobes depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.
Un cocktail dangereux qui n’a fait qu’attiser les braises de la haine. Aux abords du stade et sur la place centrale du Dam, des supporters israéliens ont multiplié les provocations, brûlant un drapeau palestinien et scandant des slogans jugés racistes. De quoi électriser une situation déjà très volatile.
Les autorités haussent le ton
Face à ces débordements inacceptables, les autorités néerlandaises sont montées au créneau. Le Premier ministre Dick Schoof a promis des « mesures sévères » contre les auteurs des agressions, des individus « issus de l’immigration » selon ses propos. Une prise de parole musclée, à l’image de celle de la maire d’Amsterdam lors d’une réunion de crise :
Des injustices ont été commises à l’égard des juifs de notre ville ainsi que des personnes appartenant à des minorités qui sympathisent avec les Palestiniens.
Femke Halsema, maire d’Amsterdam
Tout en condamnant fermement les violences, l’édile a tenu à souligner que les torts étaient partagés. Une manière de tenter d’apaiser les vives tensions intercommunautaires qui agitent la ville. Mais le mal est fait selon Frank van der Linde, militant pro-palestinien :
Nous sommes désormais présentés dans le monde entier comme une bande d’antisémites. Et c’est vraiment horrible.
Un match à haut risque en approche
Malgré ce constat amer, les autorités tentent de reprendre la main. Un dispositif de sécurité exceptionnel est prévu jeudi pour le match de Ligue des Nations entre la France et Israël. Selon une source policière, des effectifs très importants seront mobilisés pour prévenir tout incident.
Une prudence de mise tant les plaies sont encore vives. Et les risques de nouveaux dérapages bien réels, sur fond de tensions géopolitiques et communautaires exacerbées. Le foot comme miroir grossissant des fractures qui traversent nos sociétés. Amsterdam en a fait la douloureuse expérience, espérant que le pire est désormais derrière elle.