Le viol collectif brutal d’une touriste norvégienne par un groupe de quatre hommes, dont trois migrants clandestins d’origine maghrébine, a choqué l’Espagne en février 2021. La victime se promenait seule dans un parc de Porto Rico, sur l’île de Grande Canarie, quand elle a été agressée et violée à répétition. Un an après les faits, la cour d’appel a rendu son verdict définitif, confirmant les très lourdes peines prononcées en première instance contre les quatre accusés. Ce jugement sans appel clôt une affaire qui illustre la violence faite aux femmes.
De 36 à 42 ans de prison ferme pour les quatre violeurs
La Cour suprême espagnole a rejeté le pourvoi des accusés et confirmé en dernière instance les peines de prison prononcées en 2022 par la cour provinciale de Las Palmas : 42 ans pour l’auteur principal, Aziz Laghribi, coupable de deux viols et complice de trois agressions sexuelles supplémentaires, et 36 ans pour chacun de ses trois complices, Mohammed El Bazouni (34 ans), Hicham El Adnany (26 ans) et Hamza Ez Zahaf (23 ans), coupables d’un viol et complices de quatre agressions sexuelles. Ils devront en outre indemniser solidairement leur victime à hauteur de 15 000€.
Ce drame s’est noué le 26 février 2021 vers 22h45, alors que la touriste norvégienne se promenait seule dans le parc Agua La Perra. Aziz Laghribi l’a d’abord abordée et entraînée de force à l’écart, où ses trois comparses les attendaient. Là, les quatre hommes ont abusé d’elle à tour de rôle, par pénétration vaginale et anale. Un scénario épouvantable.
Un crime ignoble, avec préméditation
Comme l’ont relevé les juges, les accusés ont agi de manière concertée, avec un “esprit libidineux manifeste” et la volonté de briser la liberté sexuelle de leur proie. Leur mode opératoire ne laisse aucun doute sur la préméditation : après qu’Aziz Laghribi ait isolé la victime, ses complices sont intervenus pour commettre les viols, suivant un schéma destiné à créer un effet d’intimidation. Une circonstance aggravante qui explique la sévérité des sanctions prononcées.
Des expertises accablantes
Malgré leurs dénégations, les coupables ont été confondus par un faisceau de preuves concordantes : le témoignage solide de la victime, les expertises ADN, ainsi que des messages compromettants retrouvés dans le téléphone de l’un des violeurs. La cour a balayé leurs arguments sur de supposées erreurs d’appréciation des preuves, et leur tentative de se dédouaner en rejetant la faute les uns sur les autres.
La participation de chacun des accusés aux événements était évidente, à la fois en tant qu’auteurs matériels des attaques et en tant que collaborateurs nécessaires, puisque leur présence a contribué à créer une situation d’intimidation qui a facilité les viols.
Extrait de l’arrêt de la Cour suprême
Des peines à la hauteur de l’horreur des crimes
La justice espagnole a voulu marquer les esprits avec ces sanctions exemplaires. Comme l’a souligné la présidente de la Cour suprême dans son arrêt, « la participation des accusés aux crimes multiples justifiait l’application de peines aggravées ». L’auteur principal écope d’une peine cumulée de 42 ans pour ses deux viols et sa complicité dans trois autres agressions sexuelles. Ses comparses sont condamnés à 36 ans chacun pour un viol et la complicité des autres crimes sexuels.
Avec ces peines, parmi les plus lourdes jamais prononcées pour des crimes sexuels en Espagne, le pouvoir judiciaire envoie un message clair : le viol est un crime odieux qui doit être puni avec la plus grande sévérité. La circonstance aggravante de commission en réunion est particulièrement retenue pour son effet destructeur sur les victimes. Cette décision constitue aussi un avertissement aux prédateurs sexuels et à ceux qui seraient tentés de les imiter.
L’immigration clandestine en question
Cette terrible affaire pose aussi la question de la gestion des migrants clandestins. Trois des quatre violeurs étaient en situation irrégulière sur le territoire espagnol. Leur parcours criminel interroge sur les failles du contrôle de l’immigration illégale. Comment ont-ils pu passer entre les mailles du filet et sévir en toute impunité jusqu’à commettre ce crime abject ? Un sujet qui ne manquera pas d’alimenter le débat alors que l’Espagne est confrontée à une pression migratoire croissante aux portes de l’Europe.
Au final, cette histoire sordide aura au moins le mérite de mettre en lumière la réalité du harcèlement et des violences sexuelles dont sont victimes les femmes, y compris dans l’espace public. Elle démontre la nécessité de renforcer leur protection face à la menace des prédateurs. Et elle prouve que même si le chemin est long, la justice finit par passer pour sanctionner les coupables et tenter de réparer l’irréparable. En espérant que cet épilogue judiciaire apporte un peu de réconfort à la jeune touriste norvégienne brisée par ce cauchemar.