Samedi dernier, Hollywood célébrait les scénaristes les plus talentueux lors de la 77e cérémonie des Writers Guild Awards. Parmi eux, Vince Gilligan, le créateur des séries événements Breaking Bad et Better Call Saul, a marqué les esprits avec un discours aussi surprenant qu’introspectif. Primé pour l’ensemble de sa carrière, il a exprimé des regrets quant à la popularité de ses personnages les plus sombres, à commencer par l’iconique Walter White.
Breaking Bad, diffusée de 2008 à 2013, a révolutionné l’univers des séries en suivant la descente aux enfers de Walter White, un professeur de chimie atteint d’un cancer qui se lance dans le trafic de méthamphétamine pour assurer l’avenir financier de sa famille. Incarné magistralement par Bryan Cranston, ce protagoniste ambigu a fasciné des millions de téléspectateurs à travers le monde, au point de devenir l’un des plus grands « méchants » de l’histoire de la télévision.
Le créateur fait son mea culpa
Mais voilà que Vince Gilligan, 58 ans, émet des doutes. « Avec le recul, je pense que j’aurais préféré être célébré pour avoir créé un personnage plus inspirant », confie-t-il sur scène. Il pointe du doigt une époque où « les vrais méchants font des ravages » et agissent égoïstement en imposant leurs propres règles. Sans les nommer, Gilligan semble faire référence à certaines figures controversées qui défrayent la chronique.
Peut-être que ce dont le monde a besoin maintenant, ce sont des bons vieux héros à l’ancienne qui donnent plus qu’ils ne prennent.
Vince Gilligan, créateur de Breaking Bad et Better Call Saul
Des « bad guys » trop cool ?
Le scénariste reconnaît que les « bad guys » ont toujours eu un certain attrait dans la culture populaire, de Michael Corleone dans Le Parrain à Dark Vador dans Star Wars en passant par le Dr Hannibal Lecter. Mais il craint qu’à force d’être « trop cool », ces méchants fictifs n’envoient le mauvais message et cessent d’être les mises en garde pour lesquelles ils ont été conçus.
Place aux gentils !
Pour Gilligan, l’heure est venue de célébrer « la gentillesse, la tolérance et le sacrifice ». Son prochain projet, une série de science-fiction pour Apple TV+, mettra en scène une héroïne bienveillante incarnée par Rhea Seehorn, déjà présente dans Better Call Saul. « Je voulais travailler de nouveau avec Rhea, et c’est une si bonne personne que je ne la voyais pas en méchante », explique-t-il.
Faut-il dire adieu aux antihéros magnétiques mais moralement discutables ? Pas sûr que les spectateurs soient prêts à se passer de ces personnages complexes et subversifs. Mais le mea culpa de Vince Gilligan a le mérite de questionner notre fascination pour les « méchants » et de rappeler la valeur des héros positifs. À une époque troublée, un peu de lumière dans les ténèbres est plus que bienvenue.