En pleine guerre en Ukraine, la visite surprise du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Kiev ce mardi 2 juillet soulève de nombreuses questions. Malgré les fortes tensions liées à son opposition à l’aide militaire pour l’Ukraine, le dirigeant nationaliste a choisi de se rendre dans le pays en guerre, une première depuis le début de l’invasion russe. Une main tendue vers la paix ou une manœuvre diplomatique ambiguë ?
Viktor Orban en Ukraine : une visite aux objectifs flous
Selon son porte-parole Bertalan Havasi, l’objectif principal de la visite de Viktor Orban serait d’évoquer “la possibilité de parvenir à la paix”. Pourtant, les positions du dirigeant hongrois sur le conflit ukrainien restent pour le moins ambivalentes. Tout en condamnant l’agression russe, il n’a cessé d’appeler à un cessez-le-feu et de bloquer certaines aides militaires à destination de Kiev, jugées vitales par les autorités ukrainiennes.
Un allié européen au positionnement ambigu
Viktor Orban, qui vient de prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour 6 mois, se démarque nettement des autres dirigeants occidentaux dans sa relation à la Russie et au conflit ukrainien. Cultivant des liens étroits avec Vladimir Poutine, il s’est souvent fait le relais des intérêts russes au sein de l’UE, plaidant pour la levée des sanctions et s’opposant aux livraisons d’armes.
L’Europe doit maintenir son aide militaire à l’Ukraine.
– Volodymyr Zelensky, Président ukrainien
Zelensky insiste sur l’importance d’une “paix juste”
Face à son homologue hongrois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu à rappeler les “priorités européennes communes” et “l’importance d’apporter une paix juste à l’Ukraine et à l’ensemble de l’Europe”. Une manière de réaffirmer la nécessité du soutien occidental, tant sur le plan militaire qu’économique et humanitaire, pour permettre à son pays de résister à l’agression russe.
Orban peut-il réellement peser pour la paix ?
Si le Premier ministre hongrois affirme vouloir œuvrer au retour de la paix, sa marge de manœuvre et sa crédibilité apparaissent limitées. Son positionnement ambigu depuis le début du conflit et ses liens avec le Kremlin suscitent la méfiance de Kiev comme des autres capitales européennes. Beaucoup y voient avant tout une manœuvre destinée à servir ses intérêts nationaux et à conforter son image de dirigeant indépendant et incontournable sur la scène internationale.
Les Européens maintiennent la pression sur Budapest
Malgré cette main tendue, les partenaires européens de la Hongrie ne relâchent pas la pression sur Viktor Orban concernant son soutien à l’Ukraine. Plusieurs dirigeants ont rappelé la nécessité d’une position unie et solidaire de l’UE face à l’agression russe. La Commission européenne a également menacé de sanctions financières si Budapest persistait à bloquer certaines décisions liées à l’aide à l’Ukraine.
La visite de Viktor Orban en Ukraine, aussi surprenante soit-elle, ne devrait donc pas fondamentalement changer la donne. Au-delà des effets d’annonce, il faudra juger sur les actes la volonté réelle de la Hongrie de contribuer à une paix durable et juste. La route est encore longue et semée d’embûches pour mettre fin au conflit et reconstruire le pays. Cela nécessitera l’engagement sincère et constant de tous les partenaires européens aux côtés de l’Ukraine.
