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Viktor Orban Défie la CPI en Invitant Netanyahou en Hongrie

Coup de théâtre ! Orban invite Netanyahu en Hongrie et défie ouvertement la CPI. Une invitation qui sème la discorde et bouscule l'échiquier géopolitique. Les coulisses d'une décision explosive qui...

C’est un véritable coup de tonnerre sur la scène géopolitique. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois connu pour son franc-parler, vient de lancer un défi sans précédent à la Cour Pénale Internationale (CPI) en annonçant son intention d’inviter Benjamin Netanyahu, son homologue israélien, en Hongrie. Une invitation qui fait fi du mandat d’arrêt émis par la CPI à l’encontre de Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Selon une source proche du gouvernement hongrois, Orban aurait déclaré lors d’une interview sur la radio d’État qu’il n’avait “pas d’autre choix que de défier cette décision”. Le dirigeant nationaliste, farouche soutien de Netanyahu, n’a pas mâché ses mots, qualifiant le mandat d’arrêt d'”une décision éhontée, déguisée à des fins juridiques” qui conduit à “un discrédit du droit international”.

Une invitation qui passe mal

Si Orban se veut provocateur, son invitation à Netanyahu tombe comme un pavé dans la mare diplomatique. Déjà critiquée par Joe Biden qui l’a qualifiée de “scandaleuse”, la décision de la CPI limite en effet grandement les déplacements des deux responsables israéliens visés. En théorie, les 124 États membres de la Cour seraient tenus de les arrêter s’ils mettaient le pied sur leur territoire.

Mais c’est sans compter sur la position ambiguë de la Hongrie vis-à-vis de la CPI. Bien qu’ayant signé le Statut de Rome lors de la création de la Cour en 1999, puis l’ayant ratifié sous le premier mandat d’Orban, le pays n’a pas validé la convention associée pour des raisons constitutionnelles. Un vide juridique dans lequel s’engouffre aujourd’hui le Premier ministre hongrois pour affirmer que son pays n’est pas tenu de se plier aux décisions de la juridiction internationale.

Orban, trublion de l’UE

Cette prise de position iconoclaste n’est pas une première pour Viktor Orban. Depuis qu’il a pris les rênes de la présidence tournante de l’Union Européenne en juillet dernier, le dirigeant hongrois, resté proche de Vladimir Poutine malgré la guerre en Ukraine, multiplie les coups d’éclat et les “provocations” selon ses pairs européens.

Sa visite surprise à Moscou début juillet, décidée sans concertation avec les autres membres de l’UE, avait déjà fait grincer bien des dents à Bruxelles. Et en mars dernier, la Hongrie avait déjà prévenu qu’elle n’extraderait pas le président russe s’il venait à fouler le sol hongrois, alors même qu’un mandat d’arrêt de la CPI pèse également sur lui.

Netanyahu, allié encombrant

Si le soutien inconditionnel d’Orban à Poutine passe mal en Europe, son appui indéfectible à Netanyahu ne fait pas l’unanimité non plus. Après plus d’un an de conflit à Gaza, les exactions de l’armée israélienne ont fini par rattraper l’actuel Premier ministre et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Les deux hommes sont désormais sous le coup de mandats d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des chefs d’accusation que rejette catégoriquement Israël, dénonçant une “chasse aux sorcières” et une atteinte intolérable à sa souveraineté.

Vers une crise diplomatique ?

En invitant Netanyahu sur son sol malgré le mandat d’arrêt international, Orban joue donc avec le feu. Si la Hongrie maintient qu’elle n’est pas liée par les décisions de la CPI, il n’est pas certain que cet argument suffira à apaiser la gronde internationale qui monte.

Déjà, des voix s’élèvent au sein de l’UE pour condamner ce qu’elles considèrent comme une provocation de plus de la part de Budapest. Certains députés européens appellent même à des sanctions contre la Hongrie si Orban met sa menace à exécution.

De leur côté, les autorités israéliennes se gardent pour l’instant de tout commentaire, attendant de voir si l’invitation d’Orban se concrétisera. Mais en coulisses, c’est une opportunité inespérée pour Netanyahu de souffler un peu après des mois de pression internationale.

C’est une décision courageuse de la part d’Orban, qui montre que tous les dirigeants ne sont pas prêts à s’aplatir devant la CPI.

– Un proche conseiller de Netanyahu

L’épineuse question de la souveraineté nationale

Au-delà du cas Netanyahu, c’est toute la question de la souveraineté des États face à la justice internationale qui est posée par le geste d’Orban. En refusant de se plier aux injonctions de la CPI, le Premier ministre hongrois remet en cause la légitimité même de cette institution, et avec elle, l’idée d’un droit international s’imposant à tous.

Une position qui fait écho aux critiques récurrentes de certains pays, notamment les États-Unis, la Russie et la Chine, qui voient dans la CPI une atteinte inacceptable à leur souveraineté. Mais aussi un coup dur pour cette juridiction encore jeune et fragile, qui peine déjà à s’imposer face aux réticences des grandes puissances.

Quel avenir pour la justice internationale ?

Au final, c’est toute l’architecture de la justice pénale internationale qui pourrait vaciller si d’autres pays suivaient l’exemple hongrois. Un scénario catastrophe pour les partisans d’un ordre international basé sur le droit, mais que les détracteurs de la CPI voient comme une opportunité de réaffirmer la primauté des États sur les institutions supranationales.

Dans ce bras de fer qui s’annonce, une chose est sûre : la décision d’Orban aura des répercussions qui dépasseront largement le cadre de sa relation bilatérale avec Israël. C’est un véritable pavé dans la mare du droit international que vient de jeter le trublion de l’UE, ouvrant la voie à une remise en cause profonde des équilibres géopolitiques actuels.

Une situation explosive qui laisse présager de vives tensions dans les semaines et les mois à venir, alors que la Hongrie s’apprête à accueillir un hôte pour le moins controversé. Les chancelleries du monde entier retiennent leur souffle, conscientes que l’avenir de la justice internationale pourrait bien se jouer à Budapest.

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