Les dirigeants européens vont fouler une pelouse inhabituelle à l’occasion du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) qui se tient à Budapest les 1er et 2 juin. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban les accueille dans l’impressionnante Puskas Arena, véritable monument érigé à la gloire du football, sa grande passion.
Un écrin spectaculaire pour la diplomatie européenne
Exit les châteaux et les centres de congrès, Viktor Orban a jeté son dévolu sur un stade flambant neuf d’une capacité de 68 000 places pour recevoir ses homologues des 47 pays membres de la CPE. Un choix audacieux et une première pour un événement diplomatique de cette envergure en Hongrie.
Pendant plusieurs semaines, pas moins de 400 personnes se sont affairées pour métamorphoser l’enceinte sportive. « C’est un défi logistique massif », a souligné le gouvernement, entre l’installation d’une terrasse flottante pour la photo de famille et l’aménagement d’espaces dédiés aux délégations et aux médias.
Un stade chargé d’histoire et d’émotions
Inaugurée en grande pompe en 2019, la Puskas Arena doit son nom à Ferenc Puskas, mythique capitaine de l’équipe de Hongrie des années 1950 surnommée les « Magiques Magyars ». Un clin d’œil appuyé au passé glorieux du football magyar, que Viktor Orban rêve de voir renaître.
Le stade a été bâti sur les ruines du « Nepstadion », le Stade du Peuple de l’ère communiste, resté inachevé après la cruelle défaite de la Hongrie en finale de la Coupe du monde 1954. Un traumatisme national qui a marqué le début du déclin du foot hongrois.
La fierté retrouvée du football hongrois
Depuis son retour aux affaires en 2010, Viktor Orban a lancé un vaste programme national de construction et de rénovation des stades. Son ambition : replacer la Hongrie sur la carte du football mondial et renouer avec la grandeur perdue.
La Puskas Arena en est la pièce maîtresse. Elle a brillé lors de l’Euro 2020 en accueillant plusieurs matchs. Elle sera aussi le théâtre de la finale de la Ligue Europa en 2023 et de celle de la Ligue des Champions en 2025.
La renaissance des stades s’est accompagnée d’un renouveau de l’équipe nationale hongroise, qui a renoué avec les grandes compétitions internationales après 30 ans d’absence.
Mais cette frénésie de constructions suscite aussi des critiques sur son coût pour les contribuables et des soupçons de favoritisme, la plupart des dirigeants de clubs étant proches d’Orban ou de son parti.
Un message politique fort
En transformant son antre footballistique en centre névralgique de la diplomatie européenne le temps d’un sommet, Viktor Orban marque des points sur la scène internationale. Une consécration pour ce dirigeant eurosceptique souvent critiqué à Bruxelles.
Avec la Puskas Arena, il montre une autre facette de la Hongrie et met en avant les priorités de sa présidence de l’UE axée sur le soutien à l’Ukraine, la compétitivité industrielle et l’élargissement aux Balkans. Tout en affirmant ses positions conservatrices sur les sujets de société.
Ce sommet est donc une belle opportunité pour Orban d’asseoir son leadership en Europe centrale et de redorer son blason. Le tout en mettant à l’honneur sa passion du ballon rond et la grandeur retrouvée du football hongrois, incarnée par ce joyau architectural qu’est la Puskas Arena.