Alors que l’intelligence artificielle générative connaît un essor fulgurant, l’Autorité de la Concurrence française tire la sonnette d’alarme. Dans un avis publié ce vendredi, l’institution met en garde contre les multiples pratiques anticoncurrentielles qui menacent cette jeune industrie, avec en ligne de mire le risque de voir la puissance des géants de la tech se renforcer davantage.
L’ombre des GAFAM plane sur la chaîne de valeur de l’IA
Nécessitant des investissements se chiffrant en milliards de dollars, le marché de l’IA générative voit les GAFAM s’imposer à quasiment tous les niveaux. Leur puissance financière et technologique leur confère un avantage immense, menaçant l’équilibre concurrentiel. Benoît Coeuré, président de l’Autorité, n’hésite pas à parler de «potentiel musée des horreurs de l’antitrust» si rien n’est fait.
Perquisition chez un fournisseur de puces IA
L’Autorité ne compte pas rester les bras croisés. Outre cet avis, elle a mené en septembre 2023 une perquisition chez un fournisseur de puces IA, très probablement Nvidia. Une quarantaine d’acteurs ont aussi été interrogés pour recueillir leurs avis et inquiétudes sur les risques concurrentiels.
Abus de position dominante et dépendance économique
Parmi les pratiques pointées du doigt figurent les abus de position dominante et de dépendance économique, les distorsions en matière de fixation des prix et de conditions contractuelles, ou encore les risques de collusion. Autant de comportements qui pourraient «devenir la norme» sur ce marché en l’absence de garde-fous, s’alarme l’Autorité.
L’heure est à la vigilance maximale face au risque d’une domination écrasante des géants de la tech, faisant de l’IA leur chasse gardée.
– Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la Concurrence
Encadrer sans freiner l’innovation
Pour autant, l’institution se veut pragmatique. L’enjeu est d’encadrer le marché sans brider l’innovation dans une technologie aussi prometteuse. Des garde-fous sont nécessaires, mais doivent s’accompagner d’une réglementation «souple et agile» pour s’adapter au rythme effréné du secteur.
Une approche en finesse, donc, pour tenter de préserver le potentiel révolutionnaire de l’IA générative tout en empêchant les dérives monopolistiques. La Commission Européenne, qui planche sur son propre arsenal réglementaire, aura aussi un rôle clé à jouer. L’avenir dira si ce pari est tenable face à l’appétit des GAFAM.