C’est une histoire digne d’un thriller financier. Truong My Lan, ancienne patronne d’un empire immobilier vietnamien, se retrouve au cœur du plus grand scandale économique de l’histoire du pays. Condamnée à mort en appel ce mardi pour son rôle central dans une escroquerie estimée à 27 milliards de dollars, elle n’a qu’une issue pour échapper à l’exécution : rembourser les trois quarts des sommes détournées, soit 9 milliards de dollars. Une course contre la montre s’engage pour cette femme d’affaires déchue, dont le destin se jouera sur sa capacité à réunir une fortune colossale.
L’ascension fulgurante d’une femme d’affaires
Truong My Lan a bâti en quelques années l’un des plus puissants conglomérats immobiliers du Vietnam, Van Thinh Phat. Proche des sphères du pouvoir, elle était devenue l’une des fortunes les plus en vue du pays, étalant un train de vie fastueux. Mais derrière la success story se cachait un vaste système de fraude, reposant sur des obligations frauduleuses émises via une banque dont elle était la principale actionnaire.
Un montage financier d’une ampleur inédite
Pendant une décennie, Truong My Lan et ses complices auraient ainsi détourné l’équivalent de 27 milliards de dollars, soit plus que le PIB de nombreux pays, à travers des centaines de sociétés-écrans. Un véritable château de cartes qui s’est effondré, plongeant dans la tourmente des dizaines de milliers de petits épargnants floués.
Les dommages causés par Mme Lan et ses acolytes sont énormes et sans précédent dans notre pays.
Un procureur lors du procès en appel
Le Vietnam frappe fort avec la peine capitale
Dans un pays où la corruption gangrène largement le système, les autorités ont choisi la manière forte en condamnant à mort la femme d’affaires. Un verdict rarissime pour une affaire financière, qui vise à envoyer un message de fermeté. Mais les juges ont laissé une porte de sortie : si elle rembourse 75% des fonds, sa peine sera commuée en prison à vie.
Course contre la montre pour échapper à l’exécution
Depuis sa cellule, Truong My Lan s’est lancée dans une opération de la dernière chance pour réunir les 9 milliards de dollars qui lui permettraient d’éviter le peloton d’exécution. Selon ses avocats, elle aurait proposé de liquider sa banque et de céder l’intégralité de ses actifs immobiliers, des gratte-ciels aux terrains en friche.
Mais la chute brutale de son empire rend l’opération très incertaine. Et le temps presse, les condamnations à mort étant souvent exécutées rapidement au Vietnam après les jugements en appel. Pour Truong My Lan, après une vie de gloire et d’opulence, l’étau se resserre inexorablement. L’épilogue d’une saga hors norme, symbole des dérives d’un capitalisme du Sud-Est asiatique longtemps sans garde-fou.
Les principales étapes du scandale :
- Pendant 10 ans, Truong My Lan détourne 27 milliards $ via des obligations frauduleuses de sa banque
- Des dizaines de milliers de petits épargnants sont ruinés lors de l’effondrement de ce château de cartes
- En 1ère instance, la femme d’affaires est condamnée à mort, une sanction rarissime pour une affaire financière
- La justice confirme la peine capitale en appel, sauf si elle rembourse 9 milliards $ (75% des sommes)
- Depuis sa cellule, elle tente de réunir cette somme colossale en liquidant son empire immobilier
- Une course contre la montre est engagée, les exécutions intervenant souvent rapidement après les jugements définitifs
Ce scandale financier historique jette une lumière crue sur les fragilités du système économique vietnamien, miné par une corruption endémique et un laxisme des autorités de régulation. Le recours à la peine de mort, peine la plus sévère qui soit, illustre la volonté du régime communiste de reprendre la main. Mais au-delà de ce cas extrême, c’est tout un modèle de développement qui est questionné, tant les connivences entre milieux d’affaires et cercles du pouvoir semblent avoir prospéré pendant des années sans véritable contrôle. L’onde de choc promet d’être majeure et durable pour la crédibilité de la place financière vietnamienne.