Une vidéo d’une violence inouïe secoue actuellement le Mali. On y voit un homme vêtu de l’uniforme des Forces armées maliennes (FAMa), machette à la main, éviscérer froidement un cadavre. Tout en souriant face caméra, il annonce en langue bambara son intention de dévorer le foie de son ennemi.
Autour de lui, ses frères d’armes acquiescent en riant, réclamant leur part de cet odieux petit-déjeuner. Bien que non authentifiée, cette scène d’une rare atrocité, vraisemblablement filmée dans une zone reculée du pays, est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux maliens.
L’armée se désolidarise mais d’autres images surgissent
Face à l’émoi suscité, l’état-major de l’armée malienne a dû réagir. Dans un communiqué publié le 16 juillet, il affirme se désolidariser de cet acte « assimilable à du cannibalisme », contraire à l’éthique et aux valeurs des FAMa. Une enquête est promise pour identifier le militaire mis en cause.
Mais depuis, d’autres images similaires ont fait leur apparition sur la toile. Selon une source sécuritaire s’exprimant sous couvert d’anonymat, ces pratiques seraient en réalité « courantes » au sein de l’armée. Les mercenaires russes déployés dans le pays depuis 2022 pour épauler les FAMa dans la lutte antiterroriste sont également pointés du doigt.
Des exactions dénoncées par l’ONU et les ONG
Ce n’est pas la première fois que l’armée malienne est mise en cause pour des violations des droits de l’homme. Tant l’ONU que des ONG comme Human Rights Watch ont fait état de vagues d’exactions, d’assassinats de masse et de tortures arbitraires sur les populations civiles depuis la prise de pouvoir de la junte militaire en 2022.
Des massacres se font avec la complicité d’« hommes blancs parlant une langue étrangère » selon les témoins locaux, fortement soupçonnés d’être des mercenaires russes.
Human Rights Watch
Si l’état-major promet de faire toute la lumière sur cette affaire de cannibalisme qui ternit encore un peu plus son image, nombreux sont ceux qui doutent de sa volonté réelle de sévir. Dans un pays en proie à une instabilité chronique, où l’impunité règne en maître, cette vidéo sordide pourrait n’être que la face émergée de l’iceberg.
Un contexte sécuritaire dégradé
Depuis des années, le Mali est confronté à une insurrection djihadiste qui a fait des milliers de morts. Malgré l’intervention militaire française Barkhane lancée en 2013, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader. En 2022, la junte au pouvoir a rompu l’alliance avec la France et fait appel aux mercenaires de Wagner pour tenter d’endiguer les groupes armés.
Mais leur présence, loin de ramener la paix, semble au contraire avoir exacerbé les violences. De nombreux civils fuient les combats pour trouver refuge dans les pays voisins, comme la Mauritanie. Le Mali apparaît aujourd’hui plus que jamais enlisé dans un bourbier dont il peine à s’extraire.
Une armée en pleine dérive
Cette affaire de cannibalisme jette une lumière crue sur l’état de déliquescence avancée de l’armée malienne. Minée par les divisions internes, le manque de formation et de discipline, elle semble avoir perdu tout sens moral. Les militaires censés protéger la population sont devenus eux-mêmes des prédateurs, se livrant aux pires exactions en toute impunité.
Si les autorités promettent des sanctions, il est permis d’en douter au vu du passif de l’institution. Sans un sursaut éthique et une reprise en main en profondeur, le spectre d’une armée hors de contrôle, complice des pires atrocités, se profile. Un scénario cauchemardesque pour le Mali et sa population, qui aspirent à une paix durable après des années de guerre.