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Victor Orban Annonce une Nouvelle Alliance Européenne

Changement de cap pour Orban : le leader hongrois souhaite former un nouveau groupe au Parlement européen, en s'alliant avec des partis de droite. Quel impact cette manœuvre pourrait-elle avoir sur l'échiquier politique européen ? Décryptage.

Nouveau rebondissement sur l’échiquier politique européen. Viktor Orban, le Premier ministre hongrois et leader du parti Fidesz, a annoncé ce dimanche son intention de former un nouveau groupe parlementaire au sein du Parlement européen. Une alliance qui rassemblerait son parti, le mouvement ANO de l’ancien chef du gouvernement tchèque Andrej Babis, ainsi que le FPÖ autrichien de Herbert Kickl, actuellement membre du groupe Identité et Démocratie.

Cette annonce intervient alors que le Fidesz ne faisait plus partie d’aucun groupe au Parlement européen depuis 2021, suite à son virage vers une droite plus dure qui l’avait conduit à quitter le Parti Populaire Européen (PPE). Orban avait dans un premier temps refusé de rejoindre le groupe Identité et Démocratie, qui comprend notamment le Rassemblement National français, l’AfD allemande et la Ligue italienne. Il avait ensuite espéré, en vain, une proposition des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), qui compte dans ses rangs le Vox espagnol, les Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et le PiS polonais.

Un projet d’alliance conservatrice en Europe

Face à ces échecs, Viktor Orban a donc décidé de lancer son propre groupe. Pour que cette alliance soit reconnue comme telle au Parlement européen, elle devra encore obtenir le soutien de partis issus d’au moins quatre pays différents. Le dirigeant hongrois semble confiant, lui qui déclarait fin mai dans les colonnes du Point que « l’avenir de la droite en Europe repose entre les mains de deux femmes : Giorgia Meloni et Marine Le Pen ».

Ce projet d’une grande alliance des droites européennes, rassemblant souverainistes, nationalistes et eurosceptiques, revient régulièrement sur le devant de la scène. Il se heurte cependant à des divergences idéologiques et stratégiques entre les différents partis concernés. Certains, comme les Démocrates suédois ou le PiS polonais, rechignent ainsi à s’afficher aux côtés de formations jugées trop extrêmes, à l’instar du RN français ou de l’AfD allemande.

Orban, une figure clivante en Europe

De son côté, Viktor Orban incarne une ligne dure, mêlant conservatisme sociétal, nationalisme économique et défiance vis-à-vis des institutions européennes. Une posture qui lui vaut des relations tendues avec Bruxelles, qui a déclenché plusieurs procédures à l’encontre de la Hongrie pour atteinte à l’Etat de droit et aux valeurs européennes. Mais aussi une aura certaine auprès des droites radicales du continent, qui voient en lui un modèle à suivre.

Viktor Orban est incontestablement une figure importante des droites européennes. Par son positionnement idéologique, son charisme et sa longévité au pouvoir, il exerce une forme de leadership informel sur cette famille politique.

explique Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS et spécialiste des partis populistes en Europe.

Pour autant, l’influence réelle du dirigeant hongrois au niveau européen reste à relativiser. Son parti ne compte que 12 eurodéputés sur 705, et la Hongrie est souvent isolée au Conseil parmi les 27 Etats membres. Avec ce nouveau groupe, Viktor Orban espère sans doute renforcer son poids et celui des idées nationalistes au sein des institutions européennes. Reste à savoir si cette énième tentative de recomposition des droites sera la bonne.

Quelles implications pour le Parlement européen ?

Si cette nouvelle alliance venait à voir le jour, elle pourrait rebattre les cartes au sein de l’hémicycle européen. Avec potentiellement une centaine de députés, ce groupe s’imposerait comme la troisième ou quatrième force au Parlement, derrière le PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux de Renew. De quoi peser davantage dans les débats et les votes, mais aussi bénéficier de davantage de temps de parole, de moyens financiers et humains.

Cela pourrait aussi conduire à une bipolarisation accrue de la vie politique européenne, entre un bloc pro-européen incarné par le PPE, le S&D et Renew, et un pôle eurosceptique ou euro-critique emmené par le groupe d’Orban et celui d’Identité et Démocratie. Avec le risque d’une paralysie institutionnelle et de tensions exacerbées sur des sujets clivants comme l’immigration, l’Etat de droit ou l’intégration européenne.

Les prochains mois nous diront si ce projet d’alliance des droites nationalistes se concrétise, et quelles en seront les répercussions sur le fonctionnement et les équilibres au sein du Parlement européen. Une chose est sûre : à un an des élections européennes de 2024, Viktor Orban entend peser de tout son poids pour imposer ses idées et son agenda politique au cœur du jeu européen.

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