C’est une nouvelle victoire pour les défenseurs des dauphins. Ce lundi, le Conseil d’État a confirmé « la nécessité d’une fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne » pendant quatre semaines chaque hiver, une mesure visant à protéger ces cétacés des captures accidentelles par les navires de pêche. Une décision lourde de conséquences pour les professionnels du secteur, mais saluée par les associations de protection de l’environnement.
Un moratoire hivernal crucial pour la survie des dauphins
Saisi par plusieurs ONG, le Conseil d’État avait déjà tranché en faveur de ce moratoire hivernal en décembre dernier, contraignant la France à suspendre la pêche pour tous les bateaux de plus de 8 mètres dans le golfe de Gascogne, du 22 janvier au 20 février. Une première fermeture effective qui a permis, selon les observations scientifiques, « une baisse significative de la mortalité des petits cétacés par capture accidentelle ».
Fort de ce constat, la plus haute juridiction administrative vient donc de réaffirmer le bien-fondé de cette interdiction temporaire, amenée à être reconduite en 2025 et 2026. Une décision motivée par l’impératif de « garantir un état de conservation favorable pour le dauphin commun, le grand dauphin et le marsouin commun », trois espèces particulièrement impactées par les techniques de pêche intensive.
Des pêcheurs « résignés » mais toujours opposés sur le fond
Sans surprise, les professionnels de la pêche, déjà durement touchés par cette interruption forcée de leur activité en début d’année, ont fait part de leur « opposition sur le fond » à de telles fermetures, tout en prenant acte de la décision du Conseil d’État. « C’est aberrant. On devrait nous aider à trouver des solutions pour ne plus capturer les dauphins et maintenir une pêche française, pas nous interdire de travailler », a déploré Olivier Mercier, patron de deux bateaux de pêche à Arcachon, cité par l’AFP.
On est résignés. On est dans un système complètement schizophrène.
Olivier Mercier, pêcheur à Arcachon
Certains regrettent notamment que la plus haute juridiction administrative n’ait pas accédé au maintien des dérogations pour les navires équipés de dispositifs spéciaux d’éloignement des dauphins ou de caméras. Des solutions techniques qui auraient pu, selon eux, concilier préservation de la biodiversité et poursuite raisonnée de l’activité de pêche.
L’équation complexe entre enjeux écologiques et économiques
Cette décision, qui devrait faire jurisprudence, met en lumière la difficile équation entre les impératifs de protection des espèces menacées et le maintien d’une filière pêche déjà fragilisée. Un équilibre d’autant plus précaire que la pression sur les ressources halieutiques ne cesse de croître, avec des conséquences souvent dramatiques pour la faune marine.
Pour autant, la plupart des acteurs s’accordent sur la nécessité de trouver des solutions pérennes, passant par un meilleur encadrement des pratiques, un dialogue renforcé entre pêcheurs et défenseurs de l’environnement, ainsi que des investissements dans des technologies permettant de réduire les prises accidentelles. Un vaste chantier qui devra mobiliser l’ensemble des parties prenantes pour espérer inverser la tendance.
Car au-delà du symbole fort que représentent les dauphins dans l’imaginaire collectif, c’est bien la résilience globale de nos écosystèmes marins qui est en jeu. Un défi immense, à la mesure des enjeux écologiques du 21ème siècle, qui nous concerne tous, consommateurs, citoyens et décideurs. L’heure n’est plus aux demi-mesures, mais à une prise de conscience collective pour préserver ce patrimoine unique et vulnérable qu’est notre océan.