C’est un rebondissement spectaculaire dans la saga judiciaire qui entoure Donald Trump. La juge fédérale Aileen Cannon vient d’annuler dans sa totalité le procès de l’ancien président américain pour sa gestion controversée de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche. Une victoire éclatante pour le candidat républicain à la présidentielle de 2024, mais qui soulève des interrogations sur l’indépendance de la justice.
Nomination du procureur spécial jugée illégale
Au cœur de la décision de la juge Cannon : le statut du procureur spécial Jack Smith, nommé pour superviser ce dossier explosif. Pour la magistrate, cette nomination était tout simplement illégale. Un camouflet pour le ministère de la Justice, qui pensait avoir trouvé la parade parfaite pour éviter tout soupçon de partialité dans ce procès hautement politique.
Trump et deux de ses assistants étaient poursuivis pour avoir conservé des documents confidentiels, dont certains touchant à la sécurité nationale, dans la résidence privée de Mar-a-Lago en Floride. Parmi les pièces saisies par le FBI, on trouve des informations sur des armes nucléaires et des plans militaires sensibles. Des secrets d’État qui n’avaient rien à faire dans un club de golf, fusse-t-il celui d’un ex-président.
Un feuilleton judiciaire loin d’être terminé
Si la décision de la juge Cannon offre un répit bienvenu à Donald Trump, le feuilleton est loin d’être terminé. Le ministère de la Justice pourrait faire appel et tenter de relancer la procédure. De plus, l’ex-président reste encore visé par plusieurs autres enquêtes, sur ses efforts pour renverser le résultat de la présidentielle 2020 ou ses affaires financières à New York.
En matière de documents classifiés, ce n’est peut-être que partie remise pour la justice américaine. Mais en attendant, Trump peut savourer sa victoire et repartir en campagne, sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.
David Graham, The Atlantic
Mar-a-Lago, quartier général de campagne provisoire
Ironie du sort, c’est depuis Mar-a-Lago, là où étaient stockés les fameux cartons de documents, que Trump va lancer sa nouvelle campagne présidentielle. Le temps d’une convention d’investiture très attendue par ses partisans. L’ancien président espère surfer sur ses déboires judiciaires pour se présenter en victime d’un « État profond » déterminé à l’abattre par tous les moyens.
- Mais cette stratégie de la persécution suffira-t-elle à faire oublier le passif de Trump, ses mensonges et ses outrances ?
- Le parti républicain, en quête de relève, est-il vraiment prêt à retenter l’aventure avec un candidat aussi clivant ?
Rien n’est moins sûr, alors que pointent déjà de sérieux concurrents, comme le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Mais comme en 2016, il serait imprudent de miser contre Donald Trump et son instinct politique hors norme. Avec le soutien sans faille de sa base, galvanisée par ce qu’elle perçoit comme un acharnement judiciaire, il reste plus que jamais l’homme à battre pour la course à la Maison Blanche. Le feuilleton Trump est reparti pour un tour.