La santé de notre cerveau est devenue un sujet brûlant ces derniers temps, et pour cause. Notre corps ne peut pas fonctionner sans lui. De nombreux facteurs influencent le bon fonctionnement de notre matière grise, en bien ou en mal : alimentation, activité physique, sommeil, stress… Heureusement, même endommagé, le cerveau possède des super-pouvoirs de guérison. Avec les bons outils, il peut se réparer avec le temps.
Des chercheurs de l’Hôpital Brigham and Women’s de Boston ont récemment examiné de plus près deux grandes catégories d’aliments – la viande rouge et la viande rouge transformée – et leurs effets sur la santé cérébrale. Plus précisément, ils se sont intéressés aux fonctions cognitives et à la démence. Les fonctions cognitives regroupent la vitesse de traitement de l’information par le cerveau, la mémoire, le langage et les fonctions exécutives. La démence est un groupe de maladies qui affectent les fonctions cognitives, dont la maladie d’Alzheimer.
Comment l’étude a-t-elle été menée ?
Les chercheurs ont analysé les données de deux grandes études américaines de long terme. La première, la Nurses’ Health Study (NHS), a débuté en 1976 avec 121 700 infirmières âgées de 30 à 55 ans. La seconde, la Health Professionals Follow-up Study (HPFS), a commencé en 1986 avec 51 529 professionnels de santé masculins âgés de 40 à 75 ans.
L’étude actuelle comportait quatre phases, chacune examinant comment la viande rouge et la viande rouge transformée affectent des résultats spécifiques. Les participants ont enregistré un journal alimentaire tous les deux à quatre ans, indiquant ce qu’ils mangeaient et à quelle fréquence. Les chercheurs ont défini la viande rouge transformée comme le bacon, les hot-dogs, les saucisses, le salami, le bologne et autres produits à base de viande transformée. La viande rouge non transformée comprenait le bœuf, le porc, l’agneau et le hamburger.
Qu’a révélé l’étude ?
La première phase portait sur plus de 130 000 participants sans démence au début de l’étude. Pendant les 43 ans de suivi en moyenne, 11 173 personnes de ce groupe ont développé une démence. Après ajustement des facteurs comme l’âge, le sexe et d’autres facteurs de risque de déclin cognitif, les chercheurs ont constaté que les participants du groupe à forte consommation de viande rouge transformée avaient un risque 13% plus élevé de développer une démence par rapport à ceux du groupe à faible consommation.
La deuxième phase a analysé la fonction cognitive objective chez 17 458 participantes de la NHS âgées de 74 ans en moyenne. Après ajustement des facteurs de confusion, les chercheurs ont constaté que celles du groupe à forte consommation de viande rouge transformée avaient un vieillissement cérébral plus rapide, réduisant plus rapidement leurs capacités cognitives globales par rapport à celles du groupe à plus faible consommation. Plus précisément, pour chaque portion quotidienne moyenne de viande rouge transformée consommée, la cognition globale vieillissait 1,61 an plus vite et la mémoire verbale 1,69 an plus vite.
La troisième phase portait sur la fonction cognitive subjective, c’est-à-dire la perception des participants quant à leurs propres capacités de mémoire et de réflexion. Après ajustement des facteurs de confusion, les chercheurs ont constaté que les participants qui mangeaient en moyenne 0,25 portion ou plus par jour de viande rouge transformée avaient un risque 14% plus élevé de déclin cognitif subjectif par rapport à ceux qui en mangeaient moins de 0,10 portion par jour.
Une simple substitution pour inverser les risques
La quatrième phase a examiné si la santé cérébrale s’améliorait lorsque la viande rouge transformée était remplacée par des protéines plus saines. Et les résultats sont encourageants :
- Remplacer une portion quotidienne de viande rouge transformée par une portion de noix et légumineuses réduit le risque de démence de 19%, le vieillissement cognitif de 1,37 an et le risque de déclin cognitif subjectif de 21%.
- La remplacer par une portion de poisson est associé à une réduction de 28% du risque de démence et de 51% du risque de déclin cognitif subjectif.
- La substituer par de la volaille est associé à une réduction de 16% du risque de démence et à 1,33 an de vieillissement cognitif en moins.
Comment appliquer ces résultats au quotidien ?
Si vous êtes actuellement un grand consommateur de viande rouge transformée, vous pouvez la remplacer par des protéines plus saines pour réduire votre risque de démence. Bien qu’il n’y ait aucune garantie, lorsqu’on donne au cerveau les bons outils, il possède une étonnante capacité à réparer certains dommages.
Les acides gras oméga-3 comptent parmi les meilleurs nutriments pour chérir notre cerveau. Les poissons gras comme le saumon et le thon, ainsi que les protéines végétales comme les noix, les graines de chia et de lin en sont de puissantes sources.
Manger une abondance de plantes – fruits, légumes, céréales complètes, noix, graines et légumineuses – fournira également des antioxydants et d’autres nutriments bénéfiques pour le cerveau. Les baies sont une riche source de ces antioxydants, alors essayez d’en inclure dans vos repas et collations la plupart des jours.
En conclusion
Cette étude suggère qu’une consommation élevée de viande rouge transformée augmente les risques de déclin cognitif et de démence. Mais remplacer ces viandes par des sources de protéines plus saines, comme le poisson et les noix, et suivre le régime MIND peut inverser les risques et ralentir le vieillissement cérébral.
D’autres habitudes de vie influencent également la santé du cerveau : activité physique, sommeil de qualité, bonne hydratation, gestion du stress, apprentissage continu et liens sociaux. Adoptez une approche globale pour préserver votre capital cérébral et commencez par un ou deux domaines sur lesquels travailler. Votre matière grise vous remerciera !
