Le choc de la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron dimanche soir a fait l’effet d’un électrochoc à gauche. Malgré les divisions et les invectives de la campagne des européennes qui semblait marquer un point de non-retour, les différentes forces de gauche tentent de se rassembler en urgence pour éviter une percée du Rassemblement national aux prochaines élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains. L’objectif : sauver les 151 députés de gauche actuellement à l’Assemblée et empêcher Marine Le Pen d’avoir une majorité.
Un nouveau front populaire sans Mélenchon ?
Pour y parvenir, l’idée d’un rassemblement à distance de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise fait son chemin. Le député de la Somme François Ruffin, réputé pour sa fibre sociale et son ancrage populaire, pourrait incarner cette union et ce nouveau « front populaire » version 2024.
Des discussions ont eu lieu toute la journée de lundi entre socialistes, écologistes, communistes et autres forces de gauche plus modérées. Raphaël Glucksmann, eurodéputé et fondateur de Place publique, a rencontré le Premier secrétaire du PS Olivier Faure pour évoquer les conditions d’un rassemblement le plus large possible.
La NUPES, un échec cuisant
Le souvenir cuisant de l’échec de la NUPES aux européennes, où la gauche partait pourtant unie derrière la bannière de Mélenchon, a laissé des traces. Beaucoup ne veulent plus s’allier avec LFI, jugé clivant et hégémonique. Une alliance autour de Ruffin, député apprécié et rassembleur au-delà de son camp, est vue comme un moyen de refonder une gauche plus apaisée et proche des gens.
Il faudra revenir à une forme de Nupes tôt ou tard, mais peut-être autour d’une autre figure que Mélenchon.
Manon Aubry, eurodéputée LFI
Même au sein de LFI, certains prônent désormais le rassemblement sans Mélenchon. L’eurodéputée insoumise Manon Aubry a ainsi déclaré qu’il « faudra revenir à une forme de Nupes tôt ou tard », avant d’ajouter « mais peut-être autour d’une autre figure » que le leader insoumis, jugé trop polarisant.
Course contre la montre pour s’unir
Mais le temps presse pour sceller ces alliances. Le premier tour des législatives est dans moins de 3 semaines. Les candidatures doivent être déposées avant le 6 juin. Selon un cadre du PS, un accord pourrait être trouvé « d’ici 48 à 72h ».
Car malgré les divergences, un constat s’impose chez tous les partis : seule l’union pourra contrer la montée du RN. Le mode de scrutin majoritaire à deux tours les contraint au pragmatisme. S’il est trop tôt pour parler d’accord global, des alliances locales pourraient se dessiner autour des figures les plus consensuelles à gauche.
François Ruffin, par ses combats pour la justice sociale et son style direct, pourrait être celui qui réussira à rassembler cette gauche éclatée façon puzzle. Affaire à suivre dans cette séquence politique totalement folle et imprévisible depuis la décision jupitérienne d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée en pleine crise sociale. Les cartes sont totalement rebattues et tous les scénarios sont désormais possibles.
