C’est un verdict qui restera dans les annales. Celui des viols de Mazan, une affaire sordide mettant en cause 51 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, 72 ans, droguée aux anxiolytiques par son mari. Jeudi, la cour d’assises d’Avignon a rendu son jugement tant attendu, suscitant des réactions contrastées parmi les proches de la victime et les militant(e)s féministes.
Une culpabilité reconnue mais des peines contestées
Si le verdict a confirmé la culpabilité de l’ensemble des accusés, dont l’ex-mari de Gisèle Pelicot, les peines prononcées – allant de 3 ans avec sursis à 20 ans de réclusion – ont profondément déçu les enfants de la septuagénaire. « Juste complices, c’est scandaleux », se sont insurgées des militantes féministes massées devant le tribunal, exprimant leur incompréhension face à ce qu’elles considèrent comme une trop grande mansuétude de la justice.
Le courage d’une femme devenue symbole
Au-delà de la déception, c’est surtout un immense élan de gratitude qui s’est exprimé envers Gisèle Pelicot. En renonçant au huis clos auquel ont droit les victimes de viols et en affrontant publiquement ses bourreaux, cette femme au destin tragique est devenue un symbole puissant de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Elle est clairement un symbole d’une lutte qui est énorme et grâce à elle on aura des progrès!
Hugo Mazure, étudiant en sciences politiques
Pour beaucoup, Gisèle Pelicot a réussi « à ce que pour beaucoup de femmes victimes de viols, la honte a maintenant changé de camp ». Un « merci Gisèle » s’affichait d’ailleurs en grand sur une banderole devant le palais de justice, résumant le sentiment général.
Au-delà du verdict, l’impact sociétal du procès
Si les peines ont pu laisser un goût amer, c’est bien « tout ce qui s’est passé dans le procès qui restera le plus important » selon Bernadette Teyssonnières, retraitée venue assister aux audiences. L’affaire de Mazan aura en effet permis de braquer les projecteurs sur les mécanismes du viol conjugal, la notion de consentement, mais aussi la responsabilité de chacun face à des actes inqualifiables.
Outre le courage de Gisèle Pelicot, saluée comme une « icône féministe », ce procès hors normes pourrait bien marquer un tournant dans la libération de la parole des femmes victimes de violences sexuelles. Reste désormais à espérer que la société toute entière saura tirer les leçons de ce drame pour faire avancer la cause de l’égalité et du respect entre les sexes.