Un procès retentissant vient de s’achever à la cour d’assises du Loiret, avec un verdict qui laisse sans voix. Olivier de Scitivaux, un ex-prêtre âgé de 64 ans, a été reconnu coupable de centaines de viols et d’agressions sexuelles sur de jeunes garçons pendant plusieurs années. L’accusé a avoué l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés, plongeant l’assistance dans la stupeur.
Un réquisitoire accablant
Lors de son réquisitoire, l’avocat général Cédric Vincent n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié les agissements de l’ancien prêtre de “centaines de viols et d’agressions sexuelles”, soulignant l’ampleur des crimes commis. Pour sanctionner ces actes odieux, il a requis une peine de 18 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté de 9 ans.
Au-delà de la peine de prison, le ministère public a également demandé une série de mesures visant à protéger la société. Parmi celles-ci figurent l’obligation d’un suivi socio-judiciaire et de soins, l’interdiction d’exercer toute activité impliquant un contact avec des mineurs, ainsi que l’inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.
Des aveux complets et sans réserve
Face à une salle comble et médusée, Olivier de Scitivaux a choisi de reconnaître l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés. Sans détour, il a avoué les attouchements, les caresses, les fellations, les pénétrations digitales et péniennes infligés à ses victimes. Des aveux rares et déstabilisants dans ce type d’affaire.
“Je reconnais, puisqu’il faut utiliser les mots, les attouchements, les caresses, les fellations, les pénétrations digitales et péniennes, l’ensemble des faits”
– Olivier de Scitivaux, ex-prêtre accusé
Au-delà des faits jugés, remontant aux années 1990 et 2000, l’accusé a également reconnu pour la première fois des viols et agressions sexuelles sur deux autres victimes dès 1982. Des crimes qui n’ont malheureusement pas pu être jugés en raison de la prescription.
Une fratrie brisée
Au cœur de cette affaire sordide se trouve une fratrie de trois garçons, dont l’aîné a été agressé et violé dès l’âge de 9 ans. Olivier de Scitivaux s’était lié d’amitié avec les parents, s’invitant régulièrement chez eux. Profitant de la confiance de la famille, il a pu commettre ses crimes chez les victimes, dans les propriétés familiales, en colonie de vacances.
Devant la cour, les trois frères ont raconté avec courage et pudeur les sévices subis, chacun à leur tour, sans savoir que les autres étaient également victimes. Des témoignages poignants qui ont ébranlé l’assistance.
Des alertes ignorées pendant des années
L’un des aspects les plus choquants de cette affaire est sans doute le fait que des alertes aient été émises auprès du diocèse dès les années 80, puis en 1998 par des familles et animatrices d’aumônerie. Pourtant, rien n’a été fait pour stopper le prêtre pédocriminel qui a pu continuer à sévir jusqu’au début des années 2000.
Ce procès met une nouvelle fois en lumière les manquements de l’Église catholique dans la gestion des affaires de pédocriminalité en son sein. Régulièrement secouée par des scandales du même type, l’institution est accusée de fermer les yeux et d’ignorer les victimes.
En France, un rapport de 2021 estime qu’en 70 ans, environ 330 000 personnes ont été agressées au sein de l’Église lorsqu’elles étaient mineures.
– Rapport sur la pédocriminalité dans l’Église
Face à l’ampleur des crimes commis et aux aveux complets de l’accusé, le verdict de la cour d’assises du Loiret était très attendu. Et il est tombé comme un couperet : Olivier de Scitivaux a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, suivant les réquisitions du ministère public. Une peine lourde mais à la hauteur de la gravité des faits et du traumatisme subi par les victimes.
Ce procès restera sans nul doute gravé dans les mémoires, tant par l’horreur des actes commis que par la libération de la parole des victimes. Il rappelle tristement que la lutte contre la pédocriminalité, notamment au sein de l’Église, est un combat de tous les instants. Un combat nécessaire pour que plus jamais des enfants n’aient à subir de telles atrocités.