632 milliards de dollars. C’est le montant astronomique des ventes d’armes et services militaires réalisées en 2023 par les 100 plus grands groupes mondiaux d’armement. Un chiffre en hausse de 4,2% sur un an, selon les données publiées par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Comment expliquer cette croissance explosive du business des armes ? Éléments de réponse.
Guerres en Ukraine et à Gaza : des conflits qui dopent la demande
D’après les experts du Sipri, les ventes d’armes ont été fortement stimulées en 2023 par les guerres qui ont embrasé l’Ukraine et la bande de Gaza. Face à l’urgence de ces conflits meurtriers, de nombreux pays ont cherché à renforcer rapidement leurs capacités militaires, se tournant vers les principaux fournisseurs mondiaux.
Une manne providentielle pour les géants de l’armement, qui ont vu les commandes affluer. «Il y a eu une augmentation marquée des ventes d’armes en 2023, et cette tendance devrait se poursuivre en 2024», confirme Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme armement du Sipri.
Le bond spectaculaire des fabricants russes et du Moyen-Orient
Parmi les grands gagnants de cette ruée vers les armes, on retrouve les fabricants basés en Russie et au Proche et Moyen-Orient. Les ventes des deux groupes russes présents dans le classement du Sipri ont ainsi bondi de 40% en un an ! Une hausse tirée essentiellement par la progression fulgurante (+49%) du conglomérat public Rostec.
Du côté du Proche-Orient, les trois fabricants israéliens ont enregistré un chiffre d’affaires record de 13,6 milliards de dollars (+15%), porté par la guerre à Gaza. Quant aux producteurs turcs, emmenés par le leader des drones Baykar, leurs ventes se sont envolées de 24%, soutenues par le conflit ukrainien.
Réarmement général en Asie sur fond de tensions
L’Asie n’est pas en reste dans ce climat de tensions géopolitiques propice aux dépenses militaires. Les fabricants sud-coréens (+39%) et japonais (+35%) affichent ainsi des hausses spectaculaires de leurs ventes, reflétant la course à l’armement qui s’intensifie dans la région sur fond de menaces nord-coréennes et de rivalités sino-américaines.
Seule la Chine semble à contre-courant, ses neuf producteurs d’armes présents dans le classement ne progressant que de 0,7% en raison d’un contexte économique ralenti. Mais pour combien de temps encore ?
Vers une accélération des ventes en 2024 ?
Les experts sont formels : le business des armes a de beaux jours devant lui. «Les ventes des 100 premiers groupes mondiaux ne reflètent pas encore totalement l’ampleur de la demande», avertit le chercheur Nan Tian. De nombreux industriels ont d’ailleurs lancé des campagnes de recrutement massives, signe d’un optimisme affiché pour l’avenir.
Les petits producteurs ont été plus rapides pour répondre à la nouvelle demande liée aux guerres, aux tensions croissantes et aux programmes de réarmement.
Nan Tian, directeur programme dépenses militaires du Sipri
Cette capacité d’adaptation est un atout clé à l’heure où les grands groupes peinent encore à redémarrer leurs chaînes de production après la pandémie. Un décalage qui pourrait se résorber dès cette année, laissant présager une accélération des ventes d’armes en 2024. Le début d’un nouveau cycle monstrueux pour le complexe militaro-industriel mondial ?
