C’est une tempête politique qui secoue les plus hautes sphères du pouvoir. Les propos de François Bayrou, Premier ministre, évoquant un sentiment de « submersion » migratoire en France ont provoqué l’indignation jusque dans son propre camp. Et c’est de l’Assemblée nationale qu’est venue la réplique la plus cinglante, par la voix de sa présidente Yaël Braun-Pivet.
« Je n’aurais jamais tenu ces propos » : Braun-Pivet prend ses distances
Invitée ce mardi matin sur les ondes de BFMTV/RMC, Yaël Braun-Pivet n’a pas mâché ses mots pour condamner la sortie du chef du gouvernement. « Je n’aurais jamais tenu ces propos et ils me gênent », a-t-elle déclaré sans détour, ajoutant que la France « a toujours accueilli et s’est construite avec cette tradition-là ». Une tradition d’accueil qu’elle juge « contraire » à l’idée de submersion avancée par François Bayrou.
C’est dégoutant (…) François Bayrou, qui est un homme instruit, ne devrait pas utiliser ce vocabulaire.
– Alexis Corbière, député Écologiste et social de Seine-Saint-Denis
Si la présidente de l’Assemblée reconnaît qu’il faut « réguler l’immigration » et « être très ferme sur nos valeurs », elle assure qu’elle n’utilisera « jamais » les mots employés par le Premier ministre. Une prise de distance nette qui en dit long sur le malaise suscité, y compris au plus haut niveau de l’État.
Indignation à gauche, embarras au gouvernement
Dans les rangs de la gauche, les propos de François Bayrou ont été vigoureusement dénoncés. Alexis Corbière, député Écologiste et social de Seine-Saint-Denis, a fustigé des déclarations « dégoutantes », accusant le Premier ministre d’envoyer « un signal politique à une partie de l’électorat » en considérant « que le vocabulaire de l’extrême droite est plutôt juste ».
Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a lui aussi critiqué des propos « extrêmement choquants » qui ne correspondent « pas du tout à la réalité », rappelant que les personnes immigrées étrangères représentent « moins de 7% de la population » en France. Pour lui, François Bayrou, « en sursis », chercherait ainsi à « acheter un peu de sursis » en espérant « convaincre le RN de ne pas le censurer ».
Coup de froid sur la majorité présidentielle
Au-delà des condamnations de l’opposition, c’est bien la cacophonie au sein du camp présidentiel qui frappe les observateurs. Après les prises de position remarquées de plusieurs ministres ces derniers jours sur la politique migratoire, dont le bouillonnant Gérald Darmanin, c’est un nouveau pavé dans la mare que vient de jeter François Bayrou.
Un pavé qui provoque des remous jusqu’au perchoir de l’Assemblée nationale et qui semble fracturer un peu plus chaque jour la majorité. Emmanuel Macron, en déplacement ce mardi au Louvre, pourra-t-il éteindre l’incendie ? Rien n’est moins sûr tant le sujet de l’immigration, hautement inflammable, semble agiter la Macronie jusqu’à son sommet. L’exécutif saura-t-il retrouver une ligne claire ? L’avenir de François Bayrou à Matignon pourrait en dépendre.