C’est une journée qui fera date dans l’histoire politique américaine. Samedi, au terme d’une après-midi de délibérations fébriles, le président Joe Biden a pris la décision de se retirer de la course à sa succession. Une volte-face spectaculaire, 15 mois à peine avant l’élection présidentielle de 2024.
Sondages en berne et doutes internes
Pourtant, jusqu’à vendredi, le locataire de la Maison Blanche se disait encore déterminé à briguer un second mandat. Mais les signaux alarmants se sont multipliés ces dernières semaines. En tête, les sondages catastrophiques qui le donnaient perdant face à Donald Trump, et attisaient les doutes chez les démocrates.
La pression interne a aussi pesé. Selon des sources proches de la présidence, des voix influentes au sein du Parti démocrate exhortaient le président à passer la main, craignant les effets de son impopularité et s’interrogeant sur sa capacité à endurer une nouvelle campagne éprouvante.
Le syndrome du débat raté
Mais c’est un événement en particulier qui aurait fait pencher la balance : le débat présidentiel calamiteux face à Donald Trump fin juin. La performance jugée décevante de Joe Biden ce soir-là aurait achevé de convaincre son entourage qu’il n’était plus l’homme de la situation.
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Après ce débat, beaucoup ont réalisé qu’on fonçait droit dans le mur.
– Un conseiller de la Maison Blanche
Un samedi noir qui fera date
Samedi après-midi, un conciliabule se tient donc en urgence dans la résidence de vacances du président dans le Delaware. Un à un, ses plus proches collaborateurs l’encouragent à renoncer. Vers 17 heures, la décision est prise. S’en suivent quelques coups de fil à des ténors démocrates pour les prévenir, et la préparation d’une lettre aux Américains, que Joe Biden publiera le lendemain sur son compte Twitter.
Le spectre d’une hémorragie démocrate
Le président y expliquera sa décision par sa volonté de « passer le flambeau » à une nouvelle génération. Mais en coulisses, c’est aussi le spectre d’une hémorragie démocrate qui se profile. Avec Joe Biden hors-course, le chemin est dégagé pour les candidatures dissidentes redoutées par la direction du parti.
Les regards se tournent en particulier vers Kamala Harris. Impopulaire, la vice-présidente est vue par beaucoup comme un boulet plutôt qu’un atout pour 2024. Mais Joe Biden lui a promis son soutien dans la course à sa succession.
Qui pour incarner l’alternative démocrate ?
La perspective d’une candidature Harris divise les démocrates. Certains, comme les sénateurs Elizabeth Warren ou Bernie Sanders, pourraient être tentés de se présenter en alternative. D’autres noms circulent comme ceux du ministre des Transports Pete Buttigieg ou de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.
Quoi qu’il en soit, l’abandon de Joe Biden redistribue les cartes démocrates et promet une bataille féroce pour désigner son successeur. Avec en ligne de mire, la reconquête de la Maison Blanche face à un Donald Trump qui apparaît plus que jamais en position de force.