En ce début décembre, le Venezuela est plus que jamais secoué par les tensions politiques. Ce dimanche, des dizaines d’opposants se sont rassemblés dans les rues de Caracas pour exiger la libération de ceux qu’ils considèrent comme des « prisonniers politiques ». D’après une source proche de l’opposition, il s’agirait de plus de 1900 personnes, dont 42 mineurs, incarcérées suite aux vagues de protestations déclenchées par la réélection très controversée du président Nicolas Maduro en juillet dernier.
Une mobilisation nationale et internationale
Mais les manifestants ne se sont pas contentés de la capitale. Aux quatre coins du monde, de Bogota à Madrid en passant par Buenos Aires, Washington ou encore Tokyo, les soutiens de l’opposition vénézuélienne se sont donné rendez-vous pour faire entendre leur voix et leur colère. Une colère dirigée contre celui qu’ils considèrent comme un dictateur qui muselle toute contestation.
Ainsi, dans les rues de Caracas, une manifestante ayant requis l’anonymat par peur des représailles a confié :
« Je suis fatiguée de vivre dans un pays avec une telle dictature, je veux la liberté ».
Un sentiment partagé par beaucoup, alors que la réélection de Maduro pour un troisième mandat de 6 ans, le 28 juillet dernier, a été entachée de soupçons de fraudes massives. L’opposition estime que c’est son candidat, Edmundo González Urrutia, qui aurait dû l’emporter.
La communauté internationale s’en mêle
Face à la crise politique qui secoue le Venezuela, la communauté internationale commence à s’en mêler. Et c’est du côté de la justice que le vent pourrait tourner. La Cour Pénale Internationale (CPI) a en effet ouvert une enquête pour de possibles crimes contre l’humanité perpétrés par le régime de Maduro. Une enquête qui porte notamment sur la violente répression des manifestations antigouvernementales qui avaient éclaté après la réélection du président en 2017, faisant 125 morts.
Cette fois-ci, le bilan est presque aussi lourd : depuis l’annonce des résultats le 28 juillet, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait 28 morts et près de 200 blessés selon des ONG.
Aujourd’hui, c’est donc pour la libération des nombreux manifestants arrêtés et qualifiés de « prisonniers politiques » que l’opposition se mobilise, avec à sa tête Maria Corina Machado. Cette figure de proue de la contestation, entrée dans la clandestinité, était cependant absente du rassemblement de Caracas.
Nicolas Maduro joue l’apaisement
Face à cette situation explosive, le président Maduro tente tant bien que mal de jouer la carte de l’apaisement. Ce même dimanche, il présidait ainsi un événement « pour la défense de Noël », entouré de partisans chavistes en déguisements de Père Noël. Une tentative de ramener un semblant de normalité dans un pays plongé dans une crise politique, économique et sociale sans précédent.
Mais entre les enquêtes de la CPI, une opposition déterminée à en découdre et une grogne sociale qui ne faiblit pas, Nicolas Maduro semble plus que jamais sur un siège éjectable. Sa décision d’avancer le lancement des festivités de Noël dès le 1er octobre, en pleine crise post-électorale, en dit long sur la fébrilité du pouvoir.
Un avenir incertain
Alors que l’opposition continue de réclamer sa libération et de nouvelles élections libres et transparentes, l’avenir politique du Venezuela semble plus incertain que jamais. La pression internationale s’accentue, avec des sanctions économiques de plus en plus dures de la part des États-Unis et de l’Union Européenne.
Mais le régime de Maduro, soutenu par l’armée et une partie de la population, semble déterminé à s’accrocher au pouvoir. Une équation complexe qui laisse craindre une aggravation de la crise dans les semaines et mois à venir.
En attendant, ce sont plus de 1900 « prisonniers politiques » qui croupissent dans les geôles vénézuéliennes, symboles d’un pays plus que jamais déchiré et otage de ses démons. Un pays où même Noël a un goût amer, entre répression et tensions. Le Venezuela pourra-t-il un jour retrouver la paix et la stabilité ? C’est tout l’enjeu des batailles politiques et judiciaires qui se jouent actuellement, sous l’œil attentif d’une communauté internationale de plus en plus préoccupée par la dérive autoritaire du régime de Nicolas Maduro.