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Venezuela : L’IATA Imploré de Reconsidérer les Sanctions Aériennes

L'IATA supplie Caracas de revenir sur sa décision choc : Iberia, TAP, Avianca, Latam et Turkish Airlines perdent leurs licences pour avoir suspendu leurs vols face aux risques sécuritaires. Mais derrière cette sanction, un porte-avions américain rôde dans les Caraïbes et Trump menace d'intervention. Que va devenir la connectivité du Venezuela ?

Imaginez-vous à l’aéroport de Caracas, prêt à embarquer pour Madrid ou Lisbonne, et apprendre soudain que votre vol n’existe plus. Pas annulé pour cause de météo ou de grève, non : rayé purement et simplement des tablettes par décision gouvernementale. C’est exactement ce qui arrive à des milliers de voyageurs depuis quelques jours au Venezuela.

Une sanction qui tombe comme un couperet

Mercredi soir, l’Institut national de l’aviation civile vénézuélien (Inac) a annoncé la révocation des autorisations d’exploitation de plusieurs grandes compagnies aériennes étrangères. Parmi les sanctionnées : la espagnole Iberia, la portugaise TAP, la colombienne Avianca, la chileno-brésilienne Latam, la brésilienne GOL et même la turque Turkish Airlines.

Le motif invoqué par Caracas est brutal : ces compagnies se seraient rendues coupables d’avoir « participé à des actes de terrorisme d’État » promus par Washington en suspendant unilatéralement leurs vols commerciaux vers le Venezuela.

En réalité, ces suspensions font suite à des alertes sécuritaires très sérieuses émises par les autorités américaines et espagnoles.

Pourquoi les compagnies ont-elles stoppé leurs vols ?

Le vendredi précédent, la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis avait publié un avertissement d’une rare sévérité. Elle recommandait la plus grande prudence aux appareils survolant l’espace aérien vénézuélien, citant une dégradation rapide de la situation sécuritaire et une intensification des activités militaires dans le pays et aux alentours.

L’Espagne avait rapidement suivi avec une alerte similaire. Face à ces signaux, les compagnies n’ont pas eu d’autre choix que de protéger passagers et équipages en suspendant temporairement leurs liaisons.

« Les compagnies aériennes ont donné la priorité à la protection des passagers et de leurs équipages, évitant d’opérer dans des zones à risque élevé. »

Communiqué de l’IATA, jeudi soir

La réponse immédiate de l’IATA

Dès le lendemain, l’Association internationale du transport aérien (IATA) est montée au créneau. Dans un communiqué ferme mais diplomatique, elle a « exhorté » les autorités vénézuéliennes à reconsidérer leur décision de révoquer les autorisations d’exploitation.

L’IATA rappelle que les compagnies restent attachées au Venezuela et se tiennent prêtes à reprendre leurs vols dès que les conditions de sécurité le permettront. Elle insiste sur le fait que la sécurité reste la priorité absolue de l’industrie aérienne mondiale.

En punissant les transporteurs pour avoir suivi des recommandations officielles de sécurité, Caracas crée un précédent dangereux, selon les professionnels du secteur.

Un contexte géopolitique explosif

Derrière cette crise aérienne se cache une montée des tensions entre le Venezuela et les États-Unis. Washington vient de déployer dans les Caraïbes le plus grand porte-avions du monde, l’USS Gerald R. Ford, accompagné de son groupe aéronaval complet.

Officiellement, cette présence massive vise des opérations antidrogue. Mais à Caracas, on y voit une menace directe contre le régime de Nicolás Maduro.

Le président vénézuélien dénonce régulièrement une tentative de coup d’État orchestrée par Washington pour s’emparer des immenses réserves pétrolières du pays.

Donald Trump et l’option militaire

De son côté, Donald Trump entretient volontairement l’ambiguïté. Il a autorisé des opérations clandestines de la CIA sur le sol vénézuélien et n’exclut toujours pas une intervention militaire directe.

Parallèlement, il affirme vouloir dialoguer avec Nicolás Maduro. Cette double posture – carotte et bâton – accentue la nervosité dans la région.

Le déploiement du porte-avions et les alertes de la FAA apparaissent ainsi, aux yeux de nombreux observateurs, comme des pièces d’un même puzzle stratégique.

Les conséquences immédiates pour les voyageurs

Pour les Vénézuéliens de la diaspora, c’est un coup dur. L’Europe et l’Amérique latine se retrouvent soudain beaucoup plus loin. Les billets d’avion restants sur Air Europe, Plus Ultra ou Estelar Latinoamerica s’arrachent à prix d’or.

Les étudiants, les malades en attente de traitement à l’étranger, les familles séparées : tous se retrouvent pris en otage d’un conflit qui les dépasse.

Les rares vols encore opérés affichent des taux de remplissage records et des prix qui flambent.

Un précédent dangereux pour l’aviation mondiale

Si un État peut révoquer les droits de compagnies étrangères simplement parce qu’elles suivent des alertes de sécurité émises par d’autres pays, alors la confiance dans le système aérien international risque de s’effondrer.

Les compagnies pourraient hésiter à revenir même quand la situation s’apaisera, craignant de nouvelles sanctions arbitraires.

L’IATA met en garde : punir la prudence, c’est encourager l’imprudence. Et dans l’aviation, l’imprudence tue.

Vers une désescalade ou une rupture définitive ?

Pour l’instant, Caracas campe sur ses positions. Mais la pression internationale monte. L’Union européenne, plusieurs pays latino-américains et les organisations professionnelles appellent à la raison.

Les compagnies sanctionnées, elles, attendent un signe. Elles ont toutes exprimé leur volonté de reprendre dès que possible – à condition que leur sécurité soit garantie.

Le Venezuela, déjà isolé économiquement, peut-il se permettre de couper définitivement ses dernières liaisons aériennes avec le monde ? La réponse déterminera l’avenir de millions de personnes.

En attendant, l’USS Gerald R. Ford continue de croiser au large, et les voyageurs vénézuéliens retiennent leur souffle.

À retenir : Une décision politique sans précédent vient de priver le Venezuela de la majorité de ses principales liaisons aériennes internationales. Alors que les tensions avec Washington atteignent leur paroxysme, l’IATA implore Caracas de revenir à la raison avant que le pays ne se retrouve totalement coupé du ciel.

L’histoire n’est pas terminée. Elle se écrit en ce moment même, entre Caracas, Washington et les cockpits vides de Maiquetía.

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