Alors que l’opposant vénézuélien en exil Edmundo González Urrutia, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle du 28 juillet dernier face au président sortant Nicolás Maduro, se dirige vers l’Argentine, les autorités de Caracas offrent une juteuse récompense de 100 000 dollars pour toute information permettant sa capture. Une traque qui illustre les vives tensions politiques et diplomatiques secouant actuellement le Venezuela.
González Urrutia, un opposant traqué
Exilé en Espagne depuis septembre, Edmundo González Urrutia avait promis de revenir au Venezuela pour « prendre ses fonctions » présidentielles le 10 janvier prochain, en lieu et place de Nicolás Maduro dont la réélection est vivement contestée par l’opposition. Mais le gouvernement vénézuélien ne l’entend pas de cette oreille. La police a publié sur les réseaux sociaux un avis de rechercheOffrant 100 000 dollars de récompense pour la capture de l’opposant, qui devrait être placardé dans tous les aéroports et points de contrôle du pays.
Une élection présidentielle sous haute tension
Le scrutin présidentiel du 28 juillet a vu la réélection pour un troisième mandat de Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013. Mais ce résultat est farouchement remis en cause par l’opposition, González Urrutia en tête, qui affirme avoir remporté le vote avec plus de 67% des suffrages. Des accusations de fraude électorale balayées par le camp présidentiel, qui y voit une tentative de « coup d’État ».
Dans ce climat de contestation, l’opposant et l’une des cheffes de file de l’opposition, Maria Corina Machado, actuellement dans la clandestinité, ont appelé à manifester le 10 janvier, jour de prestation de serment de Maduro. « Prenons ensemble l’engagement que mon mandat débutera en 2025 » a lancé González Urrutia, sous le coup d’un mandat d’arrêt au Venezuela.
Caracas isolé sur la scène internationale
Cette crise politique place un peu plus le Venezuela au ban de la communauté internationale, de nombreux pays comme les États-Unis, l’Union Européenne et plusieurs états latino-américains refusant de reconnaître la réélection de Maduro. Le président vénézuélien peut toutefois toujours compter sur le soutien de l’armée.
Les manifestations post-électorales ont été sévèrement réprimées, causant la mort d’au moins 28 personnes et faisant près de 200 blessés selon les ONG. Plus de 2400 personnes ont été arrêtées, dont environ 1400 ont depuis été libérées sous conditions.
De vives tensions diplomatiques avec l’Argentine
L’arrivée imminente de González Urrutia en Argentine, confirmée de source présidentielle, devrait encore tendre les relations déjà exécrables entre Caracas et Buenos Aires. L’Argentine vient d’ailleurs de porter plainte contre le Venezuela devant la Cour Pénale Internationale, accusant Caracas de « détention arbitraire » et de « disparition forcée » d’un de ses ressortissants.
Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis que le président argentin Javier Milei a contesté la réélection de Maduro. C’est désormais le Brésil qui assure la protection de l’ambassade argentine à Caracas, où se sont réfugiés cinq collaborateurs de l’opposante Maria Corina Machado, accusés de « terrorisme » par le régime.
Cette mise à prix de la tête d’un leader de l’opposition par Caracas risque d’enflammer encore un peu plus une situation politique et diplomatique déjà explosive. Le Venezuela semble prêt à tout pour empêcher le retour au pays de González Urrutia, tandis que l’Argentine paraît déterminée à l’accueillir et à tenir tête au président Maduro. Un bras de fer dont l’issue, tout comme celle de la crise politique vénézuélienne, reste plus que jamais incertaine.