Alors qu’il pointe en 2e position du Vendée Globe, à quelques milles seulement du leader Charlie Dalin, le skipper Sébastien Simon s’apprête à vivre des heures difficiles. Une violente tempête se profile à l’horizon, au nord des îles Kerguelen, en plein cœur de l’Océan Indien. Le navigateur vendéen va devoir puiser dans ses ressources mentales et physiques pour affronter ce premier gros coup de tabac de son tour du monde en solitaire.
« Il va falloir faire le dos rond » confie Sébastien Simon
Contacté par les organisateurs de la course mardi matin, Sébastien Simon ne cache pas une certaine appréhension : « On a une grosse dépression qui arrive et qui va nous prendre (…) j’espère que ça va bien se passer, j’appréhende un peu. Là c’est calme et j’avoue que ça fait du bien », explique-t-il. Le répit sera de courte durée pour le skipper de 34 ans, qui se dirige tout droit vers des conditions dantesques.
Des vagues approchant les 10 mètres, des vents établis de 65 km/h avec des rafales à plus de 90 km/h… la dépression qui s’annonce s’apparente à un véritable mur liquide que les marins vont devoir escalader. « Il n’y a pas trop d’échappatoires. Il faudrait être très, très nord… mais dans tous les cas, on va subir la dépression », souligne Sébastien Simon, contraint de maintenir le cap dans ces conditions hostiles.
48 heures de mer déchaînée en perspective
« Cela va être 48 heures qui vont être très désagréables. On essaye de gagner un peu vers le nord. Je pense qu’on va faire le dos rond pour essayer de passer ce moment délicat », résume le skipper de Groupe Dubreuil, qui va devoir composer avec cette mer démontrée pendant deux jours pleins. Une épreuve d’endurance physique et psychologique qui commence pour lui.
Les poursuivants de Sébastien Simon et Charlie Dalin ont pour leur part mis le cap au nord-est pour tenter d’éviter le cœur de la tempête. C’est notamment le choix de Yoann Richomme (Paprec Arkea), désormais 3e à 230 milles du leader. « Je fais ma route optimale, qui consiste à faire du nord temporairement pour me placer devant la dépression », confirme ce dernier. Une trajectoire plus sûre mais bien plus longue.
Simon et Dalin, un début de course tonitruant
Depuis le coup d’envoi aux Sables d’Olonne le 10 novembre dernier, Sébastien Simon réalise une course pleine d’audace, en tête de flotte, rivalisant avec les meilleurs skippers. Vainqueur de la Solitaire du Figaro en 2018, il avait dû abandonner son premier Vendée Globe en 2016 peu après le Cap de Bonne Espérance, alors qu’il était 4e, suite à une collision avec un Ofni.
Cette fois, le skipper vendéen est bien décidé à aller au bout de son rêve, même si la route s’annonce semée d’embûches. Les prochaines heures donneront un aperçu de l’épreuve qui attend ces navigateurs de l’extrême tout au long de leur circumnavigation. Sébastien Simon est prêt à en découdre avec les éléments pour rester dans le sillage de Charlie Dalin et, qui sait, tenter de prendre les commandes de ce Vendée Globe au bout de l’effort.
« C’est dans ces moments durs qu’on montre de quel bois on est fait. Je suis focus pour passer cette tempête du mieux possible et continuer à me battre devant. »
Sébastien Simon, skipper Groupe Dubreuil
Le large et ses tempêtes, un défi que seuls les marins les plus aguerris et déterminés osent affronter. Sébastien Simon en fait indéniablement partie. Malgré l’appréhension légitime, il est prêt à plonger dans la tourmente pour poursuivre son rêve de victoire sur le Vendée Globe. Une course contre les éléments et contre lui-même qui ne fait que commencer.