Au cœur de l’océan Indien déchaîné, un homme seul défie les éléments. Charlie Dalin, skipper français en tête du Vendée Globe, la mythique course autour du monde en solitaire, affronte actuellement une violente tempête australe. Mais loin de subir, il creuse même l’écart sur ses poursuivants, dans des conditions dantesques.
Des vents à 80km/h et des vagues de 5 mètres
D’après les dernières données du PC course, Charlie Dalin navigue à la limite de la zone d’exclusion maritime, slalomant entre les 50e hurlants. Son bateau Apivia doit composer avec un vaste système dépressionnaire générant des rafales pouvant atteindre les 80km/h et des vagues avoisinant les 5 mètres.
Une situation périlleuse qui ne semble pourtant pas ébranler le marin. Au contraire, à la barre de son monocoque dernière génération, il file à vive allure vers l’Est, en direction de l’Australie. Sa vitesse moyenne sur 24h dépasse les 22 nœuds, soit plus de 40km/h !
L’écart se creuse avec les poursuivants
Conséquence directe de cette vélocité : l’écart ne cesse de se creuser avec ses principaux rivaux. Au dernier pointage ce matin, Charlie Dalin comptait près de 200 milles nautiques d’avance, soit 370 km, sur son premier poursuivant Thomas Ruyant.
Pourtant, ce dernier se trouve lui aussi dans le même système dépressionnaire, mais à l’arrière. Signe que le leader du Vendée Globe semble avoir trouvé la martingale pour tirer son épingle du jeu et optimiser sa trajectoire malgré la furie des éléments.
Derrière, c’est le grand écart
Si Charlie Dalin et Thomas Ruyant naviguent dans la tempête, d’autres concurrents ont choisi une option plus septentrionale, à la recherche de conditions plus maniables. C’est le cas de Damien Seguin, Yannick Bestaven ou encore Benjamin Dutreux, qui évoluent plus au Nord, autour du 40e parallèle Sud.
Cette différence de trajectoire a créé des écarts très importants. Damien Seguin, 5e ce matin, pointe déjà à plus de 600 milles (1100 km) du leader. Quant à Jean Le Cam, doyen de la course à 61 ans, il accuse un retard de plus de 1200 milles, soit l’équivalent de 4 à 5 jours de mer!
Jusqu’où ira Charlie Dalin ?
Alors que le Vendée Globe entame sa 6e semaine de course, Charlie Dalin impressionne par sa capacité à surfer sur les dépressions australes, quitte à frôler les limites. Son avance semble se consolider de jour en jour, au point qu’on peut légitimement se demander qui pourra le rattraper.
Attention toutefois à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Car si la météo peut propulser, elle peut aussi détruire en un instant. Les abandons sur casse de Jérémie Beyou et Nicolas Troussel en début de course l’ont rappelé douloureusement.
« Dans le Vendée Globe, tout peut arriver à tout moment. On n’est jamais à l’abri d’une avarie ou d’un grain un peu plus costaud. »
– Rappelait il y a peu Vincent Riou, vainqueur de l’édition 2004.
Conscient de la précarité de sa position malgré son matelas d’avance, Charlie Dalin garde la tête froide et reste concentré sur son objectif : boucler ce tour du monde en solitaire le plus rapidement possible. Un défi de chaque instant, où la gestion du matériel est primordiale pour éviter tout pépin.
Une chose est sûre : à ce rythme-là, le skipper d’Apivia a le record de Armel Le Cléac’h en 2016 (74 jours) dans le viseur. Reste à savoir s’il parviendra à tenir la distance et la cadence infernale imposée par ces mers du Sud impitoyables. Réponse dans quelques semaines à l’arrivée aux Sables d’Olonne !