La dixième édition du Vendée Globe, course mythique autour du monde en solitaire, continue de tenir toutes ses promesses. Alors que la flotte s’enfonce dans les mers du Sud, les écarts se resserrent en tête et les records tombent les uns après les autres.
Dalin reprend les commandes, Ruyant à l’affût
Au pointage de lundi matin, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) a repris la tête de la course au détriment de Thomas Ruyant (Vulnerable). Le skipper havrais devance désormais son rival de près de 50 milles nautiques. Mais rien n’est encore joué dans ce duel au sommet, Ruyant ayant prouvé sa capacité à revenir sur Dalin ces derniers jours.
Derrière le duo de tête, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) complète le podium provisoire. Le navigateur de 41 ans s’est même rapproché à moins de 60 milles de Dalin après une journée de dimanche exceptionnelle.
Records de distance pulvérisés
Portés par une dépression explosive, les bateaux de tête ont littéralement volé sur l’eau ces dernières 24 heures, battant à tour de rôle le record de distance parcourue en un jour. Pas moins de six navigateurs ont ainsi fait mieux que l’ancien record (551,4 milles) établi la semaine passée par Richomme.
C’est finalement Yoann Richomme lui-même qui a porté ce record à un niveau stratosphérique avec 579,86 milles (1073,9 km) avalés en 24 heures. Thomas Ruyant complète le top 2 de ce classement avec 572,4 milles (1060,08 km). Des vitesses folles qui font rêver le reste de la flotte, privé de ce « cadeau » météo.
On ne va pas vite pour le record mais pour garder la position idéale avec cette dépression. On ne sait pas ce que donnera la suite mais si on peut la garder le plus longtemps possible, c’est bien.
Thomas Ruyant, à propos de sa « pointe » à plus de 32 nœuds.
Écarts qui se creusent, miettes pour les autres
Si le trio de tête profite à plein de ces conditions, un fossé s’est creusé avec les poursuivants directs. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), nouveau 4e, pointe déjà à plus de 100 milles nautiques de Dalin. Derrière lui, 4 navigateurs se tiennent en une vingtaine de milles : Nicolas Lunven, Jérémie Beyou, Sam Goodchild et Yannick Bestaven.
Le reste de la flotte doit quant à elle se contenter des miettes de cette dépression explosive. À près de 1000 milles des leaders, Louis Duc (Fives Group-Lantana Environnement), 28e, ne cache pas sa frustration :
On a une belle dépression qui va emmener nos camarades à foils bien propulsés vers les mers du Sud, et nous, on va avoir les miettes, on va devoir longer le front le long des côtes brésiliennes.
Louis Duc, skipper de Fives Group-Lantana Environnement
cap sur le grand Sud
Au-delà de la bagarre pour les premières places, l’heure est maintenant à la bascule vers les mers du Sud et le passage tant attendu du cap de Bonne-Espérance. Un virage majeur dans ce tour du monde où les navigateurs vont devoir composer avec la puissance des dépressions australes.
Pour beaucoup, comme Louis Duc, l’excitation de découvrir ces contrées du bout du monde l’emporte malgré tout sur la frustration. L’appel du grand Sud et de ses paysages uniques est le plus fort, malgré les avaries et les écarts au classement.
Une fois le Cap de Bonne-Espérance franchi, les navigateurs s’attaqueront à la descente de l’Atlantique puis au mythique Pacifique et ses quarantièmes rugissants. Autant de défis XXL en perspective pour ces marins d’exception, prêts à tout pour boucler ce Vendée Globe 2024 qui s’annonce déjà historique.